Introduction des cours Dossiers documentaires Bibliographies
[1417], 20 juin. Lettre de Philippon de Bonnay
Notice   â€˘   Fac-similĂ© interactif   â€˘   Texte et traduction
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Texte original Traduction
Treschi(er)s frerez (et) gr(an)s amis. Je me re(com)mens a vo(us)
par m(ou)t* de foys. [* Cf. mout en toutes lettres à l'avant-dernière ligne.]
Vo(us) m’esc(ri)svéz q(ue) Endré Chevryer
c’est desmys est(re) mon lyeuten(an)t de capp(itay)ne.
Il n’a pas fest son devoyr q(ue) il ne l’a
m’a dist, (et) vehu q(ue) il savoyt b(ye)n et de pyessa
q(ue) p(ar) la morye je me voloye p(ar)tyr, et
a sa requeste (et) de ces amis je l’y avoye
mis, quar je n’y cognoyssoye p(er)sso(n)ne
quant je fus
cappi(tay)ne, (et) aussit je ne le fys point
sens le (con)sseilh
de vo(us) aut(re)s mes segn(eu)rs \du (con)sseilh/ du roy (et) de
la vilhe. Sy y vuilhéz aviser en qui le choss(es) por
le b(ye)n de la ville et sehurté s(err)a bon
de y mest(re) quar j’en s(err)é contens. (Et)
sur les guagez, soyet poyés ou que tout soit
syen, je vuilh (com)me vo(us) vodréz. Quar
vo(us) savéz q(ue) ung estreng(ier) vo(us) ne le soffreryéz
point, et aussit je n'en sauroye point trov(er),
se vo(us) mesmez ne le trovéz [quar]
et des vost(re)s gens mesmez, quar vo(us) savéz se
covoytise m’y a tenu sy lo(n)guement.
De tout f(e)c(t)ez a vost(re) gré, je suys (con)tens,
quar je y ay assés mis du myen, (et) p(ar) le p(rese)nt.
Item j’é entendu q(ue) vo(us) avéz recehu l(ett)rez
de monss(egneur) le dauphin. Sy me semble q(ue) il s(err)a
b(ye)n fest (et) vost(re) devoyr
de les f(er)e plublyer,
et q(ue) trop y avez demor(Ă©), et vehu q(ue)
c’est le filz eysné (et) seul du roy n(ost)re
soverin segn(eur) et a qui no(us) devons
avoyr tous recours (por) le b(ye)n de la chosse
plupliq(ue), et le plus bryef q(ue) je po(ur)ray
je s(err)Ă© p(ar) della p(or) ordonn(er) au surplus ce q(ue)
verréz qui f(er)a a f(er)e, quar j’é aussit \chier/ que me
noyés comme de me f(er)e demor(er) en
la morye, (et) vehu q(ue) vo(us) mesmes t(r)estous [en]
la dobtéz mout fort. N(ost)ressegneur vo(us)
doint bonne vye et lo(n)gue. Esc(r)ipt a S(aint) Saforin
le Chastel, le XXe jour de jui[n]g.
[Signé :]
Philippon de Bo(n)nay, balhif de Mascon, senechal
de Lyon.
Très chers frères et grands amis, je me recommande à
vous mille fois. Vous m’écrivez qu’André Chevrier,
mon lieutenant de capitaine, a démissionné.
Il n’a pas fait son devoir en ne me l’ayant
pas dit, vu qu’il savait bien et depuis longtemps
que, à cause de la mortalité, je voulais partir.
C’est à sa requête et celle de ses amis que je l’y avais
mis, car je n’y connaissais personne quand je fus
fait capitaine, et je ne le fis point non plus sans le conseil
de vous autres, messieurs du conseil du roi et de
la ville. Aussi, veuillez décider à qui il sera bon que
les affaires relatives au bien de la ville et à sa sûreté,
soient confiées et je vous donnerai mon accord. Et
quant aux gages, qu’il soit payé ou que tout soit
de sa poche, je veux ce que vous voudrez. Car
vous savez qu’un étranger, vous ne le souffririez
point, et je n’en saurais non plus trouver
un si vous-mĂŞmes ne le trouvez,
et parmi vos gens mêmes : vous savez si c’est
mon désir qui m’y a retenu si longuement.
Du tout faites a votre gré, je vous donne mon accord,
car j’y ai assez dépensé du mien, et maintenant encore.
Par ailleurs, j’ai su que vous avez reçu une lettre de
monseigneur le dauphin. Aussi me semble-t-il qu’il sera
bon et de votre devoir de la faire publier,
et que vous avez trop tardé, vu que
c’est le fils aîné et unique du roi notre
souverain seigneur, et celui Ă  qui nous devons
tous avoir recours pour le bien de la chose
publique. Et le plus tĂ´t que je pourrai, je
serai de retour pour ordonner quant au reste ce que vous
verrez qu’il y aura à faire : j’aimerais autant que vous me
noyiez plutĂ´t que de me faire rester pendant la
mortalité, vu que vous-mêmes, tous sans exception,
vous la redoutez grandement. Que Notre-Seigneur vous
donne bonne vie et longue. Écrit a Saint-Symphorien-
le-Châtel, le 20e jour de juin.

[Signé :]
PHILIPPON DE BONNAY, bailli de Mâcon, sénéchal
de Lyon.