Texte original | Traduction | |
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Treschi(er)s frerez (et) gr(an)s amis. Je me re(com)mens a vo(us) par m(ou)t* de foys. [* Cf. mout en toutes lettres à l'avant-dernière ligne.] Vo(us) m’esc(ri)svéz q(ue) Endré Chevryer c’est desmys est(re) mon lyeuten(an)t de capp(itay)ne. Il n’a pas fest son devoyr q(ue) il ne l’a m’a dist, (et) vehu q(ue) il savoyt b(ye)n et de pyessa q(ue) p(ar) la morye je me voloye p(ar)tyr, et a sa requeste (et) de ces amis je l’y avoye mis, quar je n’y cognoyssoye p(er)sso(n)ne quant je fus cappi(tay)ne, (et) aussit je ne le fys point sens le (con)sseilh de vo(us) aut(re)s mes segn(eu)rs \du (con)sseilh/ du roy (et) de la vilhe. Sy y vuilhéz aviser en qui le choss(es) por le b(ye)n de la ville et sehurté s(err)a bon de y mest(re) quar j’en s(err)é contens. (Et) sur les guagez, soyet poyés ou que tout soit syen, je vuilh (com)me vo(us) vodréz. Quar vo(us) savéz q(ue) ung estreng(ier) vo(us) ne le soffreryéz point, et aussit je n'en sauroye point trov(er), se vo(us) mesmez ne le trovéz [quar] et des vost(re)s gens mesmez, quar vo(us) savéz se covoytise m’y a tenu sy lo(n)guement. De tout f(e)c(t)ez a vost(re) gré, je suys (con)tens, quar je y ay assés mis du myen, (et) p(ar) le p(rese)nt. Item j’é entendu q(ue) vo(us) avéz recehu l(ett)rez de monss(egneur) le dauphin. Sy me semble q(ue) il s(err)a b(ye)n fest (et) vost(re) devoyr de les f(er)e plublyer, et q(ue) trop y avez demor(é), et vehu q(ue) c’est le filz eysné (et) seul du roy n(ost)re soverin segn(eur) et a qui no(us) devons avoyr tous recours (por) le b(ye)n de la chosse plupliq(ue), et le plus bryef q(ue) je po(ur)ray je s(err)é p(ar) della p(or) ordonn(er) au surplus ce q(ue) verréz qui f(er)a a f(er)e, quar j’é aussit \chier/ que me noyés comme de me f(er)e demor(er) en la morye, (et) vehu q(ue) vo(us) mesmes t(r)estous [en] la dobtéz mout fort. N(ost)ressegneur vo(us) doint bonne vye et lo(n)gue. Esc(r)ipt a S(aint) Saforin le Chastel, le XXe jour de jui[n]g. [Signé :] Philippon de Bo(n)nay, balhif de Mascon, senechal de Lyon. |
Très chers frères et grands amis, je me recommande à vous mille fois. Vous m’écrivez qu’André Chevrier, mon lieutenant de capitaine, a démissionné. Il n’a pas fait son devoir en ne me l’ayant pas dit, vu qu’il savait bien et depuis longtemps que, à cause de la mortalité, je voulais partir. C’est à sa requête et celle de ses amis que je l’y avais mis, car je n’y connaissais personne quand je fus fait capitaine, et je ne le fis point non plus sans le conseil de vous autres, messieurs du conseil du roi et de la ville. Aussi, veuillez décider à qui il sera bon que les affaires relatives au bien de la ville et à sa sûreté, soient confiées et je vous donnerai mon accord. Et quant aux gages, qu’il soit payé ou que tout soit de sa poche, je veux ce que vous voudrez. Car vous savez qu’un étranger, vous ne le souffririez point, et je n’en saurais non plus trouver un si vous-mêmes ne le trouvez, et parmi vos gens mêmes : vous savez si c’est mon désir qui m’y a retenu si longuement. Du tout faites a votre gré, je vous donne mon accord, car j’y ai assez dépensé du mien, et maintenant encore. Par ailleurs, j’ai su que vous avez reçu une lettre de monseigneur le dauphin. Aussi me semble-t-il qu’il sera bon et de votre devoir de la faire publier, et que vous avez trop tardé, vu que c’est le fils aîné et unique du roi notre souverain seigneur, et celui à qui nous devons tous avoir recours pour le bien de la chose publique. Et le plus tôt que je pourrai, je serai de retour pour ordonner quant au reste ce que vous verrez qu’il y aura à faire : j’aimerais autant que vous me noyiez plutôt que de me faire rester pendant la mortalité, vu que vous-mêmes, tous sans exception, vous la redoutez grandement. Que Notre-Seigneur vous donne bonne vie et longue. Écrit a Saint-Symphorien- le-Châtel, le 20e jour de juin. [Signé :] PHILIPPON DE BONNAY, bailli de Mâcon, sénéchal de Lyon. |