Parties du discours (passer la souris la souris sur le texte pour des commentaires de détail) :
JEHANNE par la grace de Dieu royne de Jerusalem, de Sicille, etc., duchesse d'Anjou et de Bar, contesse de Prouvence, de Forcalquier, de Pimont, etc., et dame de Saint Remy, noz officiers dud. lieu de Saint Remy et a chacun d'eulx, salut. Veüe la supplicacion des sindics de nostred. ville de Saint Remy atachee a ceste presente et le contenu en icelle, vous mandons que faictes exprés commandement a maistres Jehan Bourceti et Bertran Deodati, notaires de lad. ville et commissaires a la tauxacion et audicion des comptes et raisons a eulx commise et par eulx prinse et acceptee, dont en lad. supplicacion est faicte mencion, qu'ilz aient a parfaire et acomplir leurd. commission et tauxacion au solt et livre et sur les biens de tous les particuliers de lad. ville dedans ung moys sur peine de XXV marcs d'argent fin, ou qu'ilz aient a restituer ce qu'ilz ont eu de l'université de lad. ville a cause de lad. commission, et a y renuncer. Et en cas d'opposition, les parties ouyes et appellees briefvement et sans procés mes seullement la verité congneue, la cause terminent et decident ainsi que congnoistront et verront estre affaire. Donné a Masseille, le Vme jour d'avril l'an mil CCCC huitante sept. JEHANNE Par la royne, le procureur du Boulay chevalier et Jehan de la Jaille maistre d'ostel presens. NIGON.
Au total, une profonde "imitation" de l'acte royal français se manifeste ici dans la forme et le fond. Cette constatation se dégage de l'ensemble des caractères :
écriture ("mixte" à la fois soignée et dynamique), canevas du discours, disposition (corps de l'acte, signature autographe épisodique, mentions hors-teneur, quoique ici à droite et non à gauche), vocabulaire, pratique de l' "attache", pratique de la signature et jusqu'à la forme du seing du notaire-secrétaire,Cette imitation caractérise alors toutes les principautés, mais aussi tous les États périphériques, des plus dépendants aux plus indépendants, à des degrés divers et par des voies variées (influence directe, communauté du personnel, trait hérités de l'époque du premier apanagiste...).
L'acte est un "mandement", au plan à la fois diplomatique et juridique, c'est-à -dire une lettre transmettant un ordre ("vous mandons"). Tout indique qu'il a été envoyé sous forme de lettre close, validée et fermée à la fois par un sceau qui doit figurer au verso, ou plutôt ses restes, car il a dû être brisé à l'ouverture. Entre autres motifs (accroissement et relative "bureaucratisation" de la production qui incite à distinguer les ordres plus personnels, mise en scène du pouvoir princier...), cet usage amène à développer, au recto, l'usage de la signature de l'auteur (effectivement autographe ou apposée par un "secrétaire de la main"), qui renforce et personnalise l'acte, en montrant qu'il émane de sa volonté immédiate.