Établi en forme de chirographe, scellé des sceaux des deux parties impliquées, mais aussi d'un garant rayonnant d'autorité (le légat du pape), l'acte, aujourd'hui conservé à Paris, aux Archives nationales, est selon toute vraisemblance l'exemplaire remis à Amaury de Montfort ; quand celui-ci céda ses droits au roi de France Louis VIII, nombre de documents furent remis à ce dernier, puis intégrés au Trésor des chartes royal conservé au Palais de la Cité à Paris, qui alla plus tard former la série J des Archives nationales.
Le document, publié dans l'Histoire générale du Languedoc, est mentionné dans Auguste Molinier, Catalogue des actes de Simon et d'Amauri de Montfort [d'après les imprimés et les documents conservés à Paris], dans Bibliothèque de l'École des chartes, 1873, p. 153-203 et 445-501, n° 177, à la p. 494, et dans Archives nationales, Layettes du Trésor des chartes, t. V, par Henri-François Delaborde, Paris, 1909, n° 251, p. 85.
Comme le montre l'examen du discours, l'acte est aussi hybride dans la forme que dans le fond. Solidement enracinédans les actes traditionnels de promesse (promesse de ne pas nuire, de tenir fidèlement un château…), il s'ouvre simultanément aux expériences, diplomatiques et juridiques, les plus récentes, pour traduire et renforcer un accord, un échange croisé de promesses, qui n'est ni acte d'hommage, ni acte d'inféodation, et pourtant saturé de références au droit féodal qui connaît alors un processus décisif de formalisation (aussi bien d'ailleurs chez les puissants du Midi: point n'est besoin d'invoquer l'importation de la féodalité par les croisés septentrionaux).
Sur la composition de l'acte, l'intervention, non des deux parties contractantes, mais du légat livre un indice important, mais difficile à interpréter : le rédacteur est-il assez impliqué dans le maniement de la documentation pontificale pour reproduire alors, comme d'instinct, des formules typiquement curiales (jusque dans les solutions abréviatives) ? Hypothèse-limite : est-il « prêté » aux parties par le légat, instigateur de l'accord — mais alors comment s'expliquer une si profonde connaissance des formules de la fidélité traditionnelle ? Ou bien est-il assez attentif et soucieux de traduire les termes effectivement prononcés par chacun ? Derrière ces interrogations sur la « genèse » de l'acte, il y a tout un pan d'histoire politique et sociale : juqu'à quel point les croisés se sont-ils coulés dans les structures documentaires trouvées sur place ? Qui les a aidés à les exploiter, à les enrichir ? Seul l'examen d'autres pièces permettrait d'avancer : où l'on voit tout l'intérêt de reprendre à nouveaux frais un examen du dossier de la diplomatique des Montfort dans le Midi…
Établi en forme de chirographe, scellé des sceaux des deux parties impliquées, mais aussi d'un garant rayonnant d'autorité (le légat du pape), l'acte, aujourd'hui conservé à Paris, aux Archives nationales, est selon toute vraisemblance l'exemplaire remis à Amaury de Montfort ; quand celui-ci céda ses droits au roi de France Louis VIII, nombre de documents furent remis à ce dernier, puis intégrés au Trésor des chartes royal conservé au Palais de la Cité à Paris, qui alla plus tard former la série J des Archives nationales.
Le document, publié dans l'Histoire générale du Languedoc, est mentionné dans Auguste Molinier, Catalogue des actes de Simon et d'Amauri de Montfort [d'après les imprimés et les documents conservés à Paris], dans Bibliothèque de l'École des chartes, 1873, p. 153-203 et 445-501, n° 177, à la p. 494, et dans Archives nationales, Layettes du Trésor des chartes, t. V, par Henri-François Delaborde, Paris, 1909, n° 251, p. 85.
Comme le montre l'examen du discours, l'acte est aussi hybride dans la forme que dans le fond. Solidement enracinédans les actes traditionnels de promesse (promesse de ne pas nuire, de tenir fidèlement un château…), il s'ouvre simultanément aux expériences, diplomatiques et juridiques, les plus récentes, pour traduire et renforcer un accord, un échange croisé de promesses, qui n'est ni acte d'hommage, ni acte d'inféodation, et pourtant saturé de références au droit féodal qui connaît alors un processus décisif de formalisation (aussi bien d'ailleurs chez les puissants du Midi: point n'est besoin d'invoquer l'importation de la féodalité par les croisés septentrionaux).
Sur la composition de l'acte, l'intervention, non des deux parties contractantes, mais du légat livre un indice important, mais difficile à interpréter : le rédacteur est-il assez impliqué dans le maniement de la documentation pontificale pour reproduire alors, comme d'instinct, des formules typiquement curiales (jusque dans les solutions abréviatives) ? Hypothèse-limite : est-il « prêté » aux parties par le légat, instigateur de l'accord — mais alors comment s'expliquer une si profonde connaissance des formules de la fidélité traditionnelle ? Ou bien est-il assez attentif et soucieux de traduire les termes effectivement prononcés par chacun ? Derrière ces interrogations sur la « genèse » de l'acte, il y a tout un pan d'histoire politique et sociale : juqu'à quel point les croisés se sont-ils coulés dans les structures documentaires trouvées sur place ? Qui les a aidés à les exploiter, à les enrichir ? Seul l'examen d'autres pièces permettrait d'avancer : où l'on voit tout l'intérêt de reprendre à nouveaux frais un examen du dossier de la diplomatique des Montfort dans le Midi…