Introduction des cours Dossiers documentaires Bibliographies
1342, 6 février. Acte de l'administration royale (Carcassonne)
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Dossier 44
  1. Caractères externes

L’imitation, dans la forme et le fond, de l’acte royal, plus précisément ici des lettres patentes sur simple queue, est évidente, jusque dans l’absence de justification à droite (combinée à l’interdiction de coupure des mots en fin de ligne) et de formule de corroboration, ou dans la signature (à usage interne, encore sans valeur d’authentification) du commis aux écritures du sénéchal (noter les deux points et les traits d’encadrement du nom, décalqués des signatures de notaires et secrétaires du roi, qui évolueront bientôt vers des paraphes plus élaborés). L’acte n’a pas perdu sa queue de parchemin, mais une large partie du sceau a disparu, dont le graveur a montré le fragment de contre-sceau, aux armes royales.

En quelques guerres et deux décennies de fonctionnement d’une Chambre des comptes désormais institutionnalisée, l’administration royale a achevé de mettre au point des types et des circuits documentaires éprouvés pour le paiement des troupes et, plus largement, pour le contrôle des opérations financières des ordonnateurs (ici le sénéchal agissant comme capitaine) et des comptables (ici le trésorier de la sénéchaussée, dont la caisse supporte en partie le poids des opérations militaires). Le trésorier devra, pour justifier chaque ligne de ses dépenses, produire deux « pièces justificatives » — deux témoins dans le vaste procès que représentera l’audition de son compte —, précisément annoncées dans la clause de décharge qui clôt ici le discours : le mandat de paiement et la quittance, qui peuvent en certains cas se compléter de diverses autres pièces (certificats, réceptions de travaux, montres...).

Par le plus grand des hasards archivistiques, on conserve aussi la quittance (litteras recognitorias) par laquelle Isarn a reconnu avoir été payé par le trésorier (Bibl. nat. de Fr., P.O. 1493, dossier 33837, n° 4). Comme il arrive souvent en pareil cas, la quittance reprend très largement les termes du mandat, tout en le complétant (la somme a été versée par Bernard de Lameulh, lieutenant du trésorier Mathieu Gayte). On conserve d’autres quittances d’Isarn, d’autres mandats contemporains du sénéchal ; ces lambeaux ne permettent évidemment qu’une reconstitution très impressionniste des opérations. On relève surtout que mandat et quittance sont du même jour, indice de la double hâte de l’administration à répondre aux directives royales, et du capitaine de château de préparer son départ quand les caisses sont encore pleines...