L'examen du style révèle, comme celui des caractères externes, l'influence diffuse de la chancellerie pontificale. Domino caritatem, tangere viderentur, provincie mitterentur, specialiter ordinetis, omnibus destinare sont par exemple des exemples de cursus velox bien conçu et bien placé.
Le texte est bien troussé, le vocabulaire et les concepts du juriste-gestionnaire (capitula, responsum, admitterentur querele, proponerent, ordinatum, formam, prosequtione...) le disputent au style racé et nerveux du lettré qui parvient, avec un art épistolaire consommé, à communiquer, de haut, le sentiment d'urgence ; le ton, l'antéposition de la suscription montrent que l'archevêque parle en supérieur hiérarchique.
Seules des connaissances puisées hors de ce texte plutôt opaque permettent de l'insérer dans un contexte évoqué par allusions entre personnes bien au courant des faits. La lettre est écrite à chaud, dans le cadre de tensions vives entre l'épiscopat et la royauté (et plus largement les grands seigneurs justiciers laïques) depuis le règne de saint Louis. Elle n'est qu'une petite pièce, qui atteste le perfectionnement de l'écrit, dans un vaste dispositif. L'affaire est grave : il faut organiser une résistance ferme et respectueuse face au roi qui a repoussé une pétition collective et demandé, pour énerver l'adversaire, des pétitions " ciblées ", adaptées à chaque cas. Qu'à cela ne tienne, chaque maison de la province exposera ses griefs sur la base d'un canevas (les capitula du légat), afin de submerger l'administration royale. Pour cela, l'archevêque a réuni un concile (provincial) à Béziers. La présente lettre transmet la consigne à six abbés qui n'avaient pu s'y rendre. Là encore, il est question (maintenant pour un acte de constitution de procureurs, qui représenteront les maisons auprès du roi et exposeront leurs griefs) d'élaborer un acte à la fois précis et adapté, sur la base d'un patron, d'un acte-type (forma) élaboré dans l'entourage de l'archevêque et diffusé en pièce jointe.
La croissance de l'écrit impose plus de stéréotypes dans la fabrication des actes en même temps qu'elle en multiplie le nombre. Elle a pourtant ses limites : dans sa résidence de Capestang, l'archevêque n'a pas auprès de lui le moyen de savoir les noms personnels de trois des six abbés contactés, car une rapide enquête dans le Gallia christiana montre que les six abbayes sont toutes pourvues d'un abbé à l'époque, et aucun autre indice n'explique pourquoi l'archevêque ne citerait que de façon dépersonnalisée les noms des trois derniers abbés cités.
L'examen du style révèle, comme celui des caractères externes, l'influence diffuse de la chancellerie pontificale. Domino caritatem, tangere viderentur, provincie mitterentur, specialiter ordinetis, omnibus destinare sont par exemple des exemples de cursus velox bien conçu et bien placé.
Le texte est bien troussé, le vocabulaire et les concepts du juriste-gestionnaire (capitula, responsum, admitterentur querele, proponerent, ordinatum, formam, prosequtione...) le disputent au style racé et nerveux du lettré qui parvient, avec un art épistolaire consommé, à communiquer, de haut, le sentiment d'urgence ; le ton, l'antéposition de la suscription montrent que l'archevêque parle en supérieur hiérarchique.
Seules des connaissances puisées hors de ce texte plutôt opaque permettent de l'insérer dans un contexte évoqué par allusions entre personnes bien au courant des faits. La lettre est écrite à chaud, dans le cadre de tensions vives entre l'épiscopat et la royauté (et plus largement les grands seigneurs justiciers laïques) depuis le règne de saint Louis. Elle n'est qu'une petite pièce, qui atteste le perfectionnement de l'écrit, dans un vaste dispositif. L'affaire est grave : il faut organiser une résistance ferme et respectueuse face au roi qui a repoussé une pétition collective et demandé, pour énerver l'adversaire, des pétitions " ciblées ", adaptées à chaque cas. Qu'à cela ne tienne, chaque maison de la province exposera ses griefs sur la base d'un canevas (les capitula du légat), afin de submerger l'administration royale. Pour cela, l'archevêque a réuni un concile (provincial) à Béziers. La présente lettre transmet la consigne à six abbés qui n'avaient pu s'y rendre. Là encore, il est question (maintenant pour un acte de constitution de procureurs, qui représenteront les maisons auprès du roi et exposeront leurs griefs) d'élaborer un acte à la fois précis et adapté, sur la base d'un patron, d'un acte-type (forma) élaboré dans l'entourage de l'archevêque et diffusé en pièce jointe.
La croissance de l'écrit impose plus de stéréotypes dans la fabrication des actes en même temps qu'elle en multiplie le nombre. Elle a pourtant ses limites : dans sa résidence de Capestang, l'archevêque n'a pas auprès de lui le moyen de savoir les noms personnels de trois des six abbés contactés, car une rapide enquête dans le Gallia christiana montre que les six abbayes sont toutes pourvues d'un abbé à l'époque, et aucun autre indice n'explique pourquoi l'archevêque ne citerait que de façon dépersonnalisée les noms des trois derniers abbés cités.