L’écriture (souvent dite « bâtarde ») est commune à la chancellerie royale et à toutes les cours centrales de la monarchie, comme, ici, la Chambre des comptes et le collège des trésoriers de France ; ce sont, de fait, des notaires et secrétaires du roi qui animent leurs greffes et mettent en forme leurs écritures. Graphie, étirement d’initiales en première ligne pour scander le discours (L de la suscription, A de l’adresse collective), interdiction de couper un mot en fin de ligne, forme et paraphe de la signature résultent tous de cette donnée première. Il en va aussi bien de la langue, des formules, de l’organisation du discours : l’antéposition de la suscription montre que l’on s’adresse à des subordonnés et, dès le milieu de la ligne 3, le terme « mandons » dénonce la qualité d’ordre, de mandement au sens juridique, de l’acte.
Le style est dépouillé et formulaire ; sans guère d’ornementation, il sonne lui aussi royal dans chacune de ses phrases (« et a chascun de vous si comme a lui appartendra », « vous souffrez et laissez… », « nous rescripvez feablement ») comme dans ses tics stylistiques, à commencer par la pratique des binômes synonymiques (« terme, respit et souffrance », « joïr et user »…). La volonté du roi se transmet en cascade, comme son verbe.
De fait, l’acte ne fait qu’appuyer un acte royal, dont l’original est retenu à la Chambre des comptes, mais dont une copie soigneusement établie (« transcript… collationné ») est envoyée au bailli et aux vicomtes chargés de son exécution. Cette grâce royale, une « souffrance » (le roi « souffre », accepte), accorde à un vassal entré en possession d’un fief tenu du roi un délai (« terme, respit ») pour prêter hommage et pour préparer et remettre le dénombrement (description) de son fief. L’acte de la Chambre et du Trésor, comme le ferait plus tard un bordereau, recouvre matériellement l’acte royal, en même temps qu’elle le vise et en lance l’exécution sur place : sous le contrôle sourcilleux des gens des comptes, des trésoriers de France et de l’administration ordinaire du domaine, toutes les obligations du vassal seront ainsi pointées et contrôlées.
Les gens du roi utilisent pour ce faire la pratique dite des « lettres d’attache », inventée au siècle précédent par les administrations financières : l’acte royal, placé en dessous, est relié à celui-ci par une petite attache de parchemin (un tortil), sur lequel est plaqué le signet de cire du membre le plus élevé en dignité alors présent (ses autres collègues présents apposent leur signet sous le texte : la trace de trois en est ici visible, à gauche de la signature du notaire et secrétaire du roi ayant pris la responsabilité de l’acte). La pratique est ingénieuse, rustique et efficace à la fois ; elle dissimule pourtant des rapports très complexes, puisqu’elle sert à la fois de visa, de renfort et de complément à l’acte royal, en principe valable seul, qu’elle permet d’expédier à l’échelon des exécutants.
L’écriture (souvent dite « bâtarde ») est commune à la chancellerie royale et à toutes les cours centrales de la monarchie, comme, ici, la Chambre des comptes et le collège des trésoriers de France ; ce sont, de fait, des notaires et secrétaires du roi qui animent leurs greffes et mettent en forme leurs écritures. Graphie, étirement d’initiales en première ligne pour scander le discours (L de la suscription, A de l’adresse collective), interdiction de couper un mot en fin de ligne, forme et paraphe de la signature résultent tous de cette donnée première. Il en va aussi bien de la langue, des formules, de l’organisation du discours : l’antéposition de la suscription montre que l’on s’adresse à des subordonnés et, dès le milieu de la ligne 3, le terme « mandons » dénonce la qualité d’ordre, de mandement au sens juridique, de l’acte.
Le style est dépouillé et formulaire ; sans guère d’ornementation, il sonne lui aussi royal dans chacune de ses phrases (« et a chascun de vous si comme a lui appartendra », « vous souffrez et laissez… », « nous rescripvez feablement ») comme dans ses tics stylistiques, à commencer par la pratique des binômes synonymiques (« terme, respit et souffrance », « joïr et user »…). La volonté du roi se transmet en cascade, comme son verbe.
De fait, l’acte ne fait qu’appuyer un acte royal, dont l’original est retenu à la Chambre des comptes, mais dont une copie soigneusement établie (« transcript… collationné ») est envoyée au bailli et aux vicomtes chargés de son exécution. Cette grâce royale, une « souffrance » (le roi « souffre », accepte), accorde à un vassal entré en possession d’un fief tenu du roi un délai (« terme, respit ») pour prêter hommage et pour préparer et remettre le dénombrement (description) de son fief. L’acte de la Chambre et du Trésor, comme le ferait plus tard un bordereau, recouvre matériellement l’acte royal, en même temps qu’elle le vise et en lance l’exécution sur place : sous le contrôle sourcilleux des gens des comptes, des trésoriers de France et de l’administration ordinaire du domaine, toutes les obligations du vassal seront ainsi pointées et contrôlées.
Les gens du roi utilisent pour ce faire la pratique dite des « lettres d’attache », inventée au siècle précédent par les administrations financières : l’acte royal, placé en dessous, est relié à celui-ci par une petite attache de parchemin (un tortil), sur lequel est plaqué le signet de cire du membre le plus élevé en dignité alors présent (ses autres collègues présents apposent leur signet sous le texte : la trace de trois en est ici visible, à gauche de la signature du notaire et secrétaire du roi ayant pris la responsabilité de l’acte). La pratique est ingénieuse, rustique et efficace à la fois ; elle dissimule pourtant des rapports très complexes, puisqu’elle sert à la fois de visa, de renfort et de complément à l’acte royal, en principe valable seul, qu’elle permet d’expédier à l’échelon des exécutants.