Introduction des cours Dossiers documentaires Bibliographies
1250, 22 août. Acte sous sceau seigneurial (Bourbonnais)
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Dossier 93
  1. Commentaire diplomatique

Essai

Le document est typique, dans ses caractères externes comme au fond, de l’acte seigneurial au quotidien, dans le courant du XIIIe siècle. Rédigé en forme de lettres (même si l’adresse universelle est plutôt un complément de la notification), auto-qualifié de lestres, appuyé sur deux autres « lettres », écrit avec une certaine hâte mais aussi régularité et clarté, économe d’abréviations, tassé et peu prodigue de blanc, clos par précaution de quelques traits en fin de dernière ligne, il ne se perd pas davantage en fleurs de style, mais va droit au but. Gorgé de noms et de références, précis dans l’indication des titres, des droits (« dettes et legs »), des actions (« convenances » au sens de conventions), il est aussi économe et s’en tient au minimum nécessaire d’identification : Eudes, qui intervient ici du chef de sa femme, ne mentionne que sa seigneurie de Bourbon, pas ses comtés bourguignons ; les femmes ne sont appelées que de leur nom personnel ; le recours aux binômes synonymiques est limité (« tenir et garder », « veux et octroie »).

La maîtrise rédactionnelle n’empêche pourtant pas une manière d’imperméabilité aux savoirs juridiques qui renouvellent à fond, aux mêmes décennies, la formulation de la procuration : les quatre représentants d’Eudes, et ceux de Gaucher, voient leurs attributions et modalités d’action décrites avec quelque détail et beaucoup de circonlocution, mais sans aucun des termes ou clauses techniques que canonistes, civilistes et notaires développent alors, à commencer par celui de « procureur » (face aux rustiques ai mis pour moi et poer).

Tout est aussi, presque, banal au fond : affaires d’alliances et d’héritage, engagement à apurer le passif (dettes à rembourser, legs à acquiter) du grand-père par alliance (il en reste donc à liquider un quart de siècle après l’ouverture de la succession !), vides creusés par les guerres et les croisades dans les rangs du monde seigneurial.

Celui-ci apparaît ici dans sa couche supérieure, mais ni la titulature (qui implique une très grosse seigneurie), ni l’horizon, ni le sceau (avec son type équestre), ni la mise en forme de l’acte ne distinguent encore radicalement une diplomatique « princière » ou « comtale » de la masse seigneuriale.