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Vers 1180. Sermon de Godefroid de Saint-Victor.
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Texte original Traduction

Sermones Godefridi canonici Sancti Victoris Parisiensis
in majoribus sollempnitatibus per anni circulum.
Sermo primus in prima dominica adventus Domini.
Aspiciens a longe ecce video Dei potentiam venientem
et nebulam totam terram tegentem
.
Hec vox prima, fratres karissimi,
prime lectioni noctuni officii hujus diei responsoria est,
dulci modulatione insignita, triplici versu repetita,
et tandem cum Gloria Patri finita.
Non est putandum sine magno misterio hoc fieri.
Querimus ergo cujus sit hec vox,
Que tam jocunde et producte modulationis ratio.
Deinde querimus quis sit iste aspiciens,
unde et quo aspiciens et quid aspiciens.
Primum ergo videamus cujus sit hec vox.
Vox hec est vox speculatorum tuorum o Syon, idest o castra Dei.
Syon enim interpretatur speculatio et significat castra Dei,
sicut Jerusalem interpretatur visio pacis et significat civitatem Dei.
Habet namque Deus civitatem suam. Habet et castra sua,
civitatem eam triumphantem, castra militantem,
quamvis alterum pro altero sepe ponatur, sed abusive.
Et civitatem quidem habet ex eo tempore
Quo post creationem angelorum apostatis angelis per superbiam precipitatis
reliqui per gratiam in amore creatoris sui confirmati
et in perpetuam et beatam civitatem Dei in celestibus fundati sunt.
Porro castra habet ex eo tempore
quo de generis humani massa fraude apostate angeli perdita
per gratiam quosdam elegit
qui ultores tam paterni quam sui sanguinis
contra generis sui inimicos debellarent
eisque fortiter expugnatis,
tandem cum triumpho ad beatorum angelorum civitatem transmigrarent.
Sciebat enim jam tunc, immo ab eterno previderat Deus,
quamplurimos, licet de lutea materia factos,
generis sui inimicos fortiter debellaturos
et in confusionem illorum qui de lutea materia nihil habentes peccaverunt,
multa gloriose facturos.

Sermons de Godefroid chanoine de Saint-Victor de Paris
pour les grandes solennités de l’année.
Premier sermon pour le premier dimanche de l’Avent.
Regardant de loin, voici que je vois venir la puissance de Dieu
et un nuage qui recouvre toute la terre
.
Cette première parole, très chers frères,
est le répons pour la première lecture de l’office nocturne de ce jour,
remarquable par sa douce mélodie et répété en un verset triple,
et enfin achevé par le ‘Gloire au Père’.
Il ne faut penser que cela se fasse sans grand mystère.
Nous nous demandons donc d’abord de qui est cette parole,
quelle est la raison d’une mélodie si agréable et développée.
Ensuite nous nous demandons qui est celui qui regarde,
d’où et vers où il regarde et ce qu’il regarde.
Voyons donc d’abord de qui est cette parole.
Cette parole est une parole de tes guetteurs ô Sion, c’est-à-dire ô camp de Dieu.
Sion, en effet, veut dire guet et signifie le camp de Dieu,
de même que Jérusalem veut dire vision de paix et signifie la cité de Dieu.
C’est que Dieu a sa cité et qu’il a aussi son camp,
une cité triomphante, un camp militant,
bien qu’on prenne souvent l’une pour l’autre, mais abusivement.
Il a une cité depuis le moment
où après la création des anges, une fois les anges apostats précipités par orgueil,
les autres, confirmés par la grâce dans l’amour de leur créateur,
ont été établis dans l’éternelle et bienheureuse cité de Dieu aux cieux.
Il a, en outre, un camp depuis le moment
où, parmi la masse du genre humain perdue par la ruse de l’ange apostat,
il a choisi par grâce certains hommes
pour que, vengeurs aussi bien du sang de leurs pères que du leur,
ils livrent bataille contre les ennemis de leur race
et pour que, une fois ces derniers courageusement défaits,
ils passent enfin avec triomphe dans la cité des anges bienheureux.
Dès ce moment Dieu savait en effet, mieux il l’avait prévu de toute éternité,
qu’un grand nombre d’hommes, bien que tirés de la boue,
vaincraient courageusement les ennemis de leur race
et que, pour la confusion de ceux qui ont péché sans avoir aucune part à la boue,
ils accompliraient de nombreux actes glorieux.