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Sermones Godefridi canonici Sancti Victoris Parisiensis in majoribus
sollempnitatibus per anni circulum. Sermo primus in prima dominica
adventus Domini.
Aspiciens a longe ecce video Dei potentiam venientem et nebulam
totam terram tegentem. Hec vox prima, fratres karissimi,
prime lectioni noctuni officii hujus diei responsoria est, dulci modulatione insignita, triplici
versu repetita, et tandem cum Gloria Patri finita. Non est
putandum sine magno misterio hoc fieri. Querimus ergo cujus sit hec
vox, Que tam jocunde et producte modulationis ratio. Deinde
querimus quis sit iste aspiciens, unde et quo aspiciens et quid
aspiciens. Primum ergo videamus cujus sit hec vox. Vox hec est
vox speculatorum tuorum o Syon, idest o castra Dei. Syon enim
interpretatur speculatio et significat castra Dei, sicut Jerusalem
interpretatur visio pacis et significat civitatem Dei. Habet namque
Deus civitatem suam. Habet et castra sua, civitatem eam triumphantem,
castra militantem, quamvis alterum pro altero sepe ponatur, sed
abusive. Et civitatem quidem habet ex eo tempore Quo post
creationem angelorum apostatis angelis per superbiam precipitatis
reliqui per gratiam in amore creatoris sui confirmati et in perpetuam
et beatam civitatem Dei in celestibus fundati sunt. Porro castra habet
ex eo tempore quo de generis humani massa fraude apostate angeli
perdita per gratiam quosdam elegit qui ultores tam paterni quam
sui sanguinis contra generis sui inimicos debellarent eisque
fortiter expugnatis, tandem cum triumpho ad beatorum angelorum civitatem
transmigrarent. Sciebat enim jam tunc, immo ab eterno previderat Deus,
quamplurimos, licet de lutea materia factos, generis sui
inimicos fortiter debellaturos et in confusionem illorum qui de lutea
materia nihil habentes peccaverunt, multa gloriose facturos.
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Sermons de Godefroid chanoine de Saint-Victor de Paris pour les grandes
solennités de l’année. Premier sermon pour le premier dimanche de l’Avent.
Regardant de loin, voici que je vois venir la puissance de Dieu et
un nuage qui recouvre toute la terre. Cette première parole,
très chers frères, est le répons pour la première lecture de l’office nocturne de ce jour,
remarquable par sa douce mélodie et répété en un verset triple,
et enfin achevé par le ‘Gloire au Père’. Il ne faut penser que cela se
fasse sans grand mystère. Nous nous demandons donc d’abord de qui est
cette parole, quelle est la raison d’une mélodie si agréable et
développée. Ensuite nous nous demandons qui est celui qui regarde,
d’où et vers où il regarde et ce qu’il regarde. Voyons donc
d’abord de qui est cette parole. Cette parole est une parole de tes
guetteurs ô Sion, c’est-à -dire ô camp de Dieu. Sion, en effet, veut
dire guet et signifie le camp de Dieu, de même que Jérusalem veut dire
vision de paix et signifie la cité de Dieu. C’est que Dieu a sa cité et
qu’il a aussi son camp, une cité triomphante, un camp militant,
bien qu’on prenne souvent l’une pour l’autre, mais abusivement. Il a
une cité depuis le moment où après la création des anges, une fois les
anges apostats précipités par orgueil, les autres, confirmés par la
grâce dans l’amour de leur créateur, ont été établis dans l’éternelle
et bienheureuse cité de Dieu aux cieux. Il a, en outre, un camp depuis
le moment où, parmi la masse du genre humain perdue par la ruse de
l’ange apostat, il a choisi par grâce certains hommes pour que,
vengeurs aussi bien du sang de leurs pères que du leur, ils livrent
bataille contre les ennemis de leur race et pour que, une fois ces
derniers courageusement défaits, ils passent enfin avec triomphe dans
la cité des anges bienheureux. Dès ce moment Dieu savait en effet,
mieux il l’avait prévu de toute éternité, qu’un grand nombre d’hommes,
bien que tirés de la boue, vaincraient courageusement les ennemis de
leur race et que, pour la confusion de ceux qui ont péché sans avoir
aucune part à la boue, ils accompliraient de nombreux actes glorieux.
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