Introduction des cours Dossiers documentaires Bibliographies
Vers 1180. Sermon de Godefroid de Saint-Victor.
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Dossier 102
  1. Aspect général et formes particulières
  2. Abréviations
  3. Structuration

Essai

La page comprend deux écritures principales, de type « prégothique », au tracé épais et médiocrement soigné.

La rubrique initiale, tracée après le texte et d’une autre main, est traitée comme une écriture de charte (surtout la première ligne) : lettres au corps réduit, aux hastes allongées et ornées, m et i plongeants à la fin du mot.

L’écriture du texte est déjà largement « gothicisée », avec des hésitations :

  • le corps des lettres est quelque peu condensĂ© et surtout agrandi par rapport aux hastes ;
  • les lettres successives se touchent pratiquement toutes dans le mot, par la tĂŞte ou par le pied, tandis que les mots sont clairement sĂ©parĂ©s ;
  • le pied des jambages, en particulier, est toujours recourbĂ© ;
  • la tĂŞte des jambages est souvent Ă©paissie par un trait supplĂ©mentaire (comme le haut des hastes) de manière Ă  favoriser la diffĂ©renciation : i, premier jambage de m et n, les deux jambages d’u, mais la distinction reste flottante ; par ailleurs, ce trait n’est pas supprimĂ© (« Ă©lidĂ© ») lorsqu’il suit la traverse d’un c, t ou g, comme ce sera le cas au XIIIe siècle.
  • le couple or est formĂ© avec un demi-r (usage Ă  peu près systĂ©matique dans l’écriture gothique mais non nouveau) ;
  • les courbes voisines s’effleurent souvent, mais sans se superposer encore ;
  • les vĂ©ritables conjonctions ne se produisent que pour les lettres redoublĂ©es, ici pp, dans p(er)petuam (et bb serait sans doute traitĂ© de mĂŞme) ; cela aussi est assez frĂ©quent depuis le milieu du XIIe siècle environ ;
  • d est souvent oncial (penchĂ©), mais d minuscule (droit) reste frĂ©quent, sans que l’alternance semble rĂ©pondre Ă  une logique.
  • s final est de type capital mais parfois aussi droit ;
  • et est abrĂ©gĂ© par la note tironienne (7) mais parfois encore par l’éperluette (&), dans une forme basculĂ©e Ă  droite, typique de la fin du XIIe siècle ;
  • lettres marquĂ©es d’un accent oblique : i voisin d’autres jambages ; o isolĂ© (interjection).

Enfin quelques lettres montrent l’influence des cursives documentaires, par des tracés plus contournés, brisés, prolongés vers le bas par des filets : h et v initiaux, g avec trait inférieur plus ou moins recourbé vers le bas, couple ii, et s final (dernier mot de la page).

Aux lignes 12 à 15, et surtout 13, des corrections ont été portées après grattage du parchemin. Il pourrait s’agir d’une autre main contemporaine, ou bien plutôt de la même main altérée par manque de place et de soin. L’écriture est rétrécie, penchée à gauche au début de la l. 13 (signe de rapidité), pleine d’abréviations, et oublie deux lettres (l. 13, fin). A la fin de la ligne 15, au moins eam est nettement d’une autre main encore.

L’ex-libris au bas de la page est probablement de la première moitié du XVe siècle : noter entre autres la forme des a construits sur deux traits verticaux ; l’extension en hauteur des t ; et le très large A (« majuscule gothique »), sans doute une indication de cote tracée en même temps, à en juger par la couleur de l’encre.