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1744, 1er avril. Le faux incendie du 1er avril : Procès verbal d’ouverture de porte au Châtelet de Paris
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Texte original

Procès-verbal à l’occasion du feu qu’on croyoit estre dans le petit cabinet de monsieur le lieutenant
criminel au Châtelet.
1er avril 1744.

M. le procureur du roy.
L’an mil sept cent quarante-quatre, le mercredy premier jour d’avril sur les dix heures et demie du
soir, nous, André Le Guay de Prémontval, conseiller du roy commissaire au Châtelet de Paris,
ancien préposé pour la police au quartier de Saint-Jacques-de-la-Boucherie dont dépend le Grand
Châtelet
, ayant eu avis par Pierre Bourgeois, l’un des guichetiers des prisons dud. Châtelet, et par
Pierre L’Official, garçon du buvetier, que l’on croyoit que le feu étoit dans le petit cabinet de
monsieur le lieutenant criminel aud. Châtelet qui a vue sur la cour de la prison par ce que, quoi qu’on
n’y eut point travaillé de l’après-midy, on y voyoit de la lumiere du costé de lad. cour, ce qui avoit
inquieté plusieurs des prisonniers qui, en ayant donné avis à la demoiselle Poulet, concierge desd.
prisons, et au sieur Le Brun, chapelain, ils étoient montez à la porte dud. cabinet avec le sieur Aumont,
buvetier, lesquels ayant vû qu’il y avoit en effet de la lumière dans led. cabinet, et ayant apréhendé
que le feu n’y soit, joint à ce qu’il est fort petit, qu’il est boisé et parcqueté et qu’il y a un bureau
proche la cheminée, ils ont chargé, eux comparants, de venir nous en donner avis à l’effet de nous y
transporter et y pourvoir. Pourquoy nous, commissaire susd., nous étants à l’instant transportez dans
led. Grand Châtelet et ayant au même instant envoyé led. L’Official chez maître Marot, l’un des
greffiers criminel aud. Châtelet, demeurant rue Bertin-Poirée, comme étant le plus proche pour lui
en donner avis et sçavoir s’il avoit la clef dud. cabinet, sur ce que l’on nous a dit qu’il en avoit une ; et
nous ayant fait dire qu’il n’en avoit point, qu’il étoit couché, et que nous pouvions faire faire ouverture
de lad. porte, nous, commissaire, étant descendus dans la cour desd. prisons avec lad. demoiselle
Poulet et lesd. sieurs Le Brun et Aumont et quatre ou cinq autres personnes qui étoient avec eux, ayant
remarqué que l’on voyoit en effet de la lumière dans led. petit cabinet par les fenestres qui donnent sur
lad. cour, sommes tous montez à la porte dud. cabinet et à deffaut d’un serrurier et pour éviter le
progrès du feu, nous avons fait lever lad. porte avec son chambranle qui étoit attaché avec quelques
pattes sur la muraille par Louis Pajou, aussy guichetiers desd. prisons, qui nous a dit être compagnon
menuisier, et ce en notre présence et desd. sieurs et demoiselle susnommez ; laquelle porte ayant été
levée et étant tous entrez dans led. cabinet, nous avons remarqué que ce qui occasionnoit la lumière
dans led. cabinet étoit une grosse bûche qui étoit dressée dans la cheminée et toute embrasée avec
flammes par le haut seulement et une grande partie de lad. bûche étoit preste à se détacher du bas, et
qu’en tombant elle auroit immanquablement tombée sur le parquet et y auroit mis le feu ainsy qu’au
bureau, pourquoy nous avons pensé qu’il avoit été très necessaire de faire lever lad. porte, laquelle
bûche nous avons fait éteindre avec quelques sceaux d’eau que nous y avions fait porter avant de faire
lever lad. porte. Et attendu qu’il ne s’est rien trouvé dans led. cabinet que led. bureau, dont le tiroir
s’est trouvé fermé à clef, et quelques chaises, non plus que dans un petit retranchement qui y est
pratiqué, nous avons fait remettre lad. porte avec son chambranle attachez avec lesd. pattes de la
même manière qu’ils étoient. Dont et de ce que dessus nous avons fait et dressé le present procès-
verbal pour servir et valoir ce que de raison. DE PREMONTVAL (paraphe)

Soit en se limitant aux données factuelles :

1744, 1er avril — Paris

Le commissaire au Châtelet André Legay de Prémontval dresse procès-verbal de l’ouverture forcée durant la nuit de la porte du cabinet du lieutenant criminel au Châtelet par crainte d’un incendie.