Même si l’acte se qualifie lui-même, dans la corroboration, de lettres (air du temps oblige), il n’est pas coulé dans un moule épistolaire : la suscription est présentée isolée, sans adresse (ne pas prendre pour une adresse le complément d’objet indirect de la notification qui suit) ni salut. Les diplomatistes, de fait, qualifient ce type de "charte", par opposition aux "lettres patentes". Il appelle une notification universelle, une corroboration comportant la mention de la perpétuité de l’acte. Tous les traits rédactionnels et sigillographiques (cire verte, lacs de soie verte et rouge) ne sont pas définitivement fixés avant le règne de Philippe le Bel, mais il est déjà clair ici que la volonté de délivrer un acte perpétuel est traduite de façon explicite et cohérente.
Bien des traits du style royal du XIIIe siècle peuvent être relevés en relisant le texte : même s’il va droit au but, il importe d’élégantes tournures des lettres pontificales (Sancti Johannis in Vineis et Beate Marie ad moniales de Suessionis ecclesiis..., ratam habentes et gratam..., quantum in nobis est... ; sicut datum est nobis intelligi semble aussi développer une saveur curiale). Un peu dans le même sens, on notera la motivation d’empreinte quasi théologique, divini amoris intuitu, plus conceptualisée qu’un banal "pour le salut de mon âme" ou "en aumône". La langue du praticien ne fournit pas moins de tournures, dont une débauche de ut dicitur et autres vel circiter, qui signent moins l’incertitude et l’imprécision que la hantise de voir l’acte mis en péril si une affirmation trop tranchée vient à être contestée sur un point de détail. Plus évidemment encore, le rédacteur s’applique à une description très méticuleuse des situations : le texte est presque un cas d’école sur la façon dont le siècle s’applique à borner et décrire, circonscrire et hiérarchiser droits, terres et hommes.
Proposition de regeste : Le roi Louis [IX] ratifie la vente faite par Raoul de Soissons aux abbayes de Saint-Jean-des-Vignes et de Notre-Dame de Soissons, à parts égales, pour 4100 livres tournois, du bois de Sec-Aulnois, d’une superficie de 360 arpents, contigu aux bois du roi et de Robert de Missy, qui mouvait du fief que le comte de Soissons tenait du roi et que ce dernier pour l’amour de Dieu autorise les abbayes à tenir.
Même si l’acte se qualifie lui-même, dans la corroboration, de lettres (air du temps oblige), il n’est pas coulé dans un moule épistolaire : la suscription est présentée isolée, sans adresse (ne pas prendre pour une adresse le complément d’objet indirect de la notification qui suit) ni salut. Les diplomatistes, de fait, qualifient ce type de "charte", par opposition aux "lettres patentes". Il appelle une notification universelle, une corroboration comportant la mention de la perpétuité de l’acte. Tous les traits rédactionnels et sigillographiques (cire verte, lacs de soie verte et rouge) ne sont pas définitivement fixés avant le règne de Philippe le Bel, mais il est déjà clair ici que la volonté de délivrer un acte perpétuel est traduite de façon explicite et cohérente.
Bien des traits du style royal du XIIIe siècle peuvent être relevés en relisant le texte : même s’il va droit au but, il importe d’élégantes tournures des lettres pontificales (Sancti Johannis in Vineis et Beate Marie ad moniales de Suessionis ecclesiis..., ratam habentes et gratam..., quantum in nobis est... ; sicut datum est nobis intelligi semble aussi développer une saveur curiale). Un peu dans le même sens, on notera la motivation d’empreinte quasi théologique, divini amoris intuitu, plus conceptualisée qu’un banal "pour le salut de mon âme" ou "en aumône". La langue du praticien ne fournit pas moins de tournures, dont une débauche de ut dicitur et autres vel circiter, qui signent moins l’incertitude et l’imprécision que la hantise de voir l’acte mis en péril si une affirmation trop tranchée vient à être contestée sur un point de détail. Plus évidemment encore, le rédacteur s’applique à une description très méticuleuse des situations : le texte est presque un cas d’école sur la façon dont le siècle s’applique à borner et décrire, circonscrire et hiérarchiser droits, terres et hommes.
Proposition de regeste : Le roi Louis [IX] ratifie la vente faite par Raoul de Soissons aux abbayes de Saint-Jean-des-Vignes et de Notre-Dame de Soissons, à parts égales, pour 4100 livres tournois, du bois de Sec-Aulnois, d’une superficie de 360 arpents, contigu aux bois du roi et de Robert de Missy, qui mouvait du fief que le comte de Soissons tenait du roi et que ce dernier pour l’amour de Dieu autorise les abbayes à tenir.