Contrairement aux caractères externes, il y a peu de remarques à faire sur la langue utilisée par l’acte, un latin correct qui, comme le terme de « lettres » employé pour désigner l’acte, traduit à la fois une solide formation scolaire et l’application de solutions passe-partout. Outre la précision du vocabulaire et la technicité des clauses, le style est tout fonctionnel, comme si la volonté d’ornementation venait se concentrer dans l’écriture. Les mots et les formules utilisés sont standardisés, l’acte se coule dans un cadre juridique stéréotypé tout en cherchant à coller au mieux au négoce juridique (une « vente et concession ») comme au terrain, d’où la multiplication des expressions en binômes ou trinômes (« vendidi, concessi, dereliqui », l. 2 ; « habendum, tenendum… in perpetuum decetero possidendum libere, quiete et absolute », l. 7-8). Le souci, « notarial » au sens large, de précision se retrouve autant dans l’onomastique (chaque personne est désignée par un nom double, le « surnom » étant soit un sobriquet largement patronymique, systématiquement caractérisé comme une appellation imposée par la société, dictus, soit un nom géographique) que dans la description des biens (localisation par microtoponymes, par deux confronts au moins).
Second trait digne de remarque : le fort ancrage dans des spécificités régionales. An plan juridique, l’allusion faite aux « usages de Normandie » trouve son répondant dans une sigillographie qui accorde un rôle de premier plan aux sceaux d’auteurs de moyenne envergure sociale encore qu’aisés (et appelés bien à tort « sceaux de paysans » au XIXe siècle), et dans un trait diplomatique qui va dépérir quelques décennies plus tard sous la pression des juridictions gracieuses royales, la passation du contrat au vu et au su de la communauté paroissiale, témoin collectif garant de sa bonne exécution (voir Mathieu Arnoux, « Essor et déclin d’un type diplomatique : les actes passés coram parrochia en Normandie, XIIe-XIIIe siècles », dans Bibliothèque de l’École des chartes, t. 154, 1996, p. 323-357).
Contrairement aux caractères externes, il y a peu de remarques à faire sur la langue utilisée par l’acte, un latin correct qui, comme le terme de « lettres » employé pour désigner l’acte, traduit à la fois une solide formation scolaire et l’application de solutions passe-partout. Outre la précision du vocabulaire et la technicité des clauses, le style est tout fonctionnel, comme si la volonté d’ornementation venait se concentrer dans l’écriture. Les mots et les formules utilisés sont standardisés, l’acte se coule dans un cadre juridique stéréotypé tout en cherchant à coller au mieux au négoce juridique (une « vente et concession ») comme au terrain, d’où la multiplication des expressions en binômes ou trinômes (« vendidi, concessi, dereliqui », l. 2 ; « habendum, tenendum… in perpetuum decetero possidendum libere, quiete et absolute », l. 7-8). Le souci, « notarial » au sens large, de précision se retrouve autant dans l’onomastique (chaque personne est désignée par un nom double, le « surnom » étant soit un sobriquet largement patronymique, systématiquement caractérisé comme une appellation imposée par la société, dictus, soit un nom géographique) que dans la description des biens (localisation par microtoponymes, par deux confronts au moins).
Second trait digne de remarque : le fort ancrage dans des spécificités régionales. An plan juridique, l’allusion faite aux « usages de Normandie » trouve son répondant dans une sigillographie qui accorde un rôle de premier plan aux sceaux d’auteurs de moyenne envergure sociale encore qu’aisés (et appelés bien à tort « sceaux de paysans » au XIXe siècle), et dans un trait diplomatique qui va dépérir quelques décennies plus tard sous la pression des juridictions gracieuses royales, la passation du contrat au vu et au su de la communauté paroissiale, témoin collectif garant de sa bonne exécution (voir Mathieu Arnoux, « Essor et déclin d’un type diplomatique : les actes passés coram parrochia en Normandie, XIIe-XIIIe siècles », dans Bibliothèque de l’École des chartes, t. 154, 1996, p. 323-357).