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1199. Acte Ă©piscopal (Amiens)
Notice   •   Fac-similé interactif   •   Texte et traduction•  Commentaire diplomatique
Dossier 71
  1. Caractères externes
  2. Interprétation

L’acte est typique d’une époque de croisière dans l’évolution de l’acte épiscopal, dont la formidable croissance au long du XIIe siècle a largement reposé sur des interventions de ce type, où l’évêque est garant d’accords, de conventions passées entre laïques ou clercs de son diocèse (ce qui vaut ici pour le curé de Gamaches). En ce sens, ce genre d’acte prépare l’essor de la juridiction gracieuse du XIIIe siècle, où l’évêque aura délégué son rôle à son official. Cela dit, il s’agit ici d’un peu plus que de juridiction gracieuse : d’abord parce que la convention, passée pour régler un litige impliquant l’économie paroissiale, touche au plus près le pouvoir régulateur et hiérarchique de l’évêque (qui notifie de façon explicite, et ratifie de façon implicite) ; ensuite parce que l’acte émane directement de la personne de l’évêque — ce que marquent son nom au début, son sceau au bas, sans omettre le petit groupe de témoins qui animent de façon plus ou moins suivie son entourage.

On peut donc analyser l’acte en le comparant point à point aux actes d’officialité ultérieurs (voir par exemple un acte de 1248=dossier n° 20).

La solution de fond de l’acte d’officialité est déjà là : sans dispositif à proprement parler (car l’évêque ne confirme pas explicitement la convention), l’acte expose, en forme de procès-verbal, la reconnaissance orale passée par les parties devant l’évêque ; le très classique constitutis coram nobis… recognitum fuit ab ipsis, juste un peu lourd face à la formule qui devait s’imposer (constituti coram nobis… recognoverunt), n’a donc pas été imaginé par les officialités !

De l’acte d’officialité on retrouve aussitôt l’expertise linguistique, l’effort de clarté qui amène à décrire en termes techniques, juridiques, précis, le négoce, sans fioriture : si l’on veut rendre compte du détail, le « regeste » revient presque à une traduction. Manque par contre encore le lourd apparat de clauses savantes.

Si l’acte donc tient au passé, c’est surtout par la forme qu’il prend d’un chirographe, solution un peu rustique mais très efficace pour annoncer d’entrée que l’autre partie a aussi reçu son exemplaire, et parer de façon souple à d’éventuelles contestations : au siècle suivant, on imaginerait plutôt un retour devant l’official.