Introduction des cours Dossiers documentaires Bibliographies
1109, 22 février. Acte royal (Espagne)
Notice   •   Fac-similé interactif   •   Texte et traduction•  Commentaire diplomatique
Dossier 74

Comme l’écriture, la langue et le formulaire mêlent des solutions très standardisées à un vieux fond local, qui affleure dans quelques scories graphiques ou morphologiques (“ajunctionibus” pour “adjunctionibus”, l. 4 ; “de hodie die”, l. 5 ; “evu” pour “aevum”, l. 8 ; polyvalence des datifs).

Ici comme là, l’acte est à la croisée des chemins, avant la grande structuration diplomatique du règne d’Alphonse VII. Le début d’organisation d’une chancellerie royale coïncide avec les débuts balbutiants d’un acte royal érigé en forme spécifique, radicalement distincte de l’acte privé, mais puisant encore pour l’heure dans de vieilles traditions d’écriture. Le cadre rédactionnel, jusque dans la formule-clef « facio vobis cartulam donationis », est en effet directement issu de l’acte privé, et l’on voit à peine la formule d’attaque traditionnelle (Ego… vobis… facio cartulam…) transmuée en une ouverture épistolaire (Ego…, vobis…, salutem…), qui autorise quelques expérimentations en matière de titulature souveraine. La double invocation initiale, figurée et verbale, remonte elle aussi à l’acte privé, mais, concluant le dispositif, la formule « evo per evu et s(e)c(u)la cuncta, amen » donne une touche liturgique appuyée à la parole royale.

L’évolution est pourtant puissante : soutenues par un flux de chevaliers et de clercs venus d’outre-Pyrénées, acculturées au modèle romain grégorien, les monarchies ibériques gagnent le concert des monarchies occidentales et de leurs diplomatiques royales, n’affichant plus que quelques spécificités, comme cette datation dans l’« ère » d’Espagne, qui n’achève de disparaître qu’au cœur du XIVe siècle.

Ces constatations générales à part, les remarques de détail doivent être mesurées : au sentiment des spécialistes, le dessin du seing d’Urraka laisse planer le doute que l’on ne soit pas face à un original, mais à une copie figurée ancienne, sans doute réalisée dans le scriptorium de Cluny.