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[1251], 9 mars. Lettre du comte de Savoie
Notice   •   Fac-similé interactif   •   Texte et traduction•  Commentaire diplomatique
Dossier 76

Le scellement et la date tirent le document du côté de l’acte authentique. Le style, le ton, l’organisation du discours révèlent que l’on est face, non à un acte à valeur de titre, mais à une lettre au sens propre ; une lettre qui, de façon très courante, associe à l’écrit des messagers chargés de répéter et amplifier le discours, chargés aussi de négocier.

Mais nos catégories contemporaines sont sans doute trop tranchées, et les frontières sont très perméables, au Moyen Âge central, entre lettre et acte, le meilleur indice étant fourni par la place de l’ars dictaminis (épistolaire) dans la formation des rédacteurs d’actes et le meilleur exemple par la chancellerie pontificale, qui inonde la Chrétienté de lettres à valeur de titres.

Vu le fond de l’affaire, on peut présumer que le comte de Savoie, par l’allure diplomatique et par la présence de son sceau, aura voulu solenniser sa lettre, voire lui donner un surcroît d’authenticité pour le cas où, le paiement n’intervenant pas, une action devrait être ouverte (la précision de la date sert aussi ce dessein). Mais, plus profondément, ce patchwork diplomatique lui permet de jouer de deux registres, de la séduction et de la menace, de la proximité et de la contrainte.