Passer la souris sur les cercles rouges pour des commentaires de détail
L'acte montre des caractères éminents de solennité.
Dans l'écriture, l'influence de la chancellerie pontificale se manifeste dans la plupart des caractéristiques suivantes :
Les souscriptions, mises en relief à la fin du texte par l'étirement de l'abréviation s(ignum), se limitent maintenant à celles, purement factices, des quatre grands officiers : sénéchal, bouteiller, chambrier, connétable. On fait souscrire ceux-ci, évidemment sans aucune implication graphique réelle, et même quand ils sont absents de la cour. Ces souscriptions, uniquement présentes, comme le monogramme du roi, sur les actes les plus solennels, sont une sorte de "butte-témoin" des souscriptions qui ont fleuri au bas de l'acte royal au XIe siècle : la chancellerie capétienne, qui a toujours organisé dans un ordre très savant les souscriptions au bas de ses actes, a très tôt (dès le règne de Philippe Ier) mis en relief, à part, les souscriptions des quatre grands officiers du palais royal, qui apparaissent dans les années 1050. La présentation de l'acte a donc déjà un siècle de tradition derrière elle, alors même que le roi cherche à contrebalancer l'importance que pourrait prendre tel des grands officiers à sa cour (alternativement par vacance, rupture de la tendance à la formation de dynasties dans une charge, recours à un proche très fidèle...). Ces souscriptions fictives constituent ainsi une sorte d'annuaire, enregistrant jusqu'aux vacances de charge (ici pour le sénéchalat).
Le monogramme royal, comprenant l'ensemble des lettres du nom PHILIPPUS, est sensiblement le même, pour tous les Capétiens nommés Philippe, de Philippe Ier jusqu'à Philippe VI, le dernier roi qui en usera au bas d'un acte. A la différence des monogrammes de type "carolin" (monogramme des Charles, à base d'un losange central), celui-ci est centré sur un H majuscule, comme pour les rois nommés Louis (Hludowicus au haut Moyen Age), à l'image du monogramme de l'empereur Louis le Pieux. Noter aussi la disposition traditionnelle du monogramme, enchâssé non plus dans un énoncé explicatif (Signum Talis... regis), mais dans la souscription de chancellerie (position usuelle depuis Louis VII).
Le scellement est fait sur lacs de soie.
La genérosité du repli destiné à supporter le poids du sceau est-elle même un élément de solennité : on ne marchande pas sur la quantité de parchemin.
La recherche de symétrie est évidente, depuis le XIIe siècle, entre monogramme et sceau, comme re-présentations actives du pouvoir royal, pivots où l'acte trouve sa stabilité et sa permanence.
Noter que le soin apporté à la mise par écrit n'exclut pourtant pas une bourde dans la première ligne, dû au manque de lisibilité des lettres allongées (i initial omis dans [i]ndividue).
Suite : Parties du discours.
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L'acte montre des caractères éminents de solennité.
Dans l'écriture, l'influence de la chancellerie pontificale se manifeste dans la plupart des caractéristiques suivantes :
première ligne en caractères allongés (allongement dont l'origine remonte aussi, au-delà des diplômes carolingiens, à l'Antiquité tardive) et au besoin étirés en largeur afin que la première ligne soit entièrement occupée par l' invocation et la suscription ; la suscription est ponctuée fortement, en fin de ligne, par trois points superposés (une ponctuation de style "épigraphique", qui accentue la monumentalité de l'acte) ; ligature ct étirée (mais une seule occurrence ici, pour mettre en valeur Actum, premier mot de la date, et aucune sur le couple st) ; majuscules agrandies et ornées de traits de doublement ; tildes en nœud ; s longs à treillis (boucles au sommet).Les souscriptions, mises en relief à la fin du texte par l'étirement de l'abréviation s(ignum), se limitent maintenant à celles, purement factices, des quatre grands officiers : sénéchal, bouteiller, chambrier, connétable. On fait souscrire ceux-ci, évidemment sans aucune implication graphique réelle, et même quand ils sont absents de la cour. Ces souscriptions, uniquement présentes, comme le monogramme du roi, sur les actes les plus solennels, sont une sorte de "butte-témoin" des souscriptions qui ont fleuri au bas de l'acte royal au XIe siècle : la chancellerie capétienne, qui a toujours organisé dans un ordre très savant les souscriptions au bas de ses actes, a très tôt (dès le règne de Philippe Ier) mis en relief, à part, les souscriptions des quatre grands officiers du palais royal, qui apparaissent dans les années 1050. La présentation de l'acte a donc déjà un siècle de tradition derrière elle, alors même que le roi cherche à contrebalancer l'importance que pourrait prendre tel des grands officiers à sa cour (alternativement par vacance, rupture de la tendance à la formation de dynasties dans une charge, recours à un proche très fidèle...). Ces souscriptions fictives constituent ainsi une sorte d'annuaire, enregistrant jusqu'aux vacances de charge (ici pour le sénéchalat).
Le monogramme royal, comprenant l'ensemble des lettres du nom PHILIPPUS, est sensiblement le même, pour tous les Capétiens nommés Philippe, de Philippe Ier jusqu'à Philippe VI, le dernier roi qui en usera au bas d'un acte. A la différence des monogrammes de type "carolin" (monogramme des Charles, à base d'un losange central), celui-ci est centré sur un H majuscule, comme pour les rois nommés Louis (Hludowicus au haut Moyen Age), à l'image du monogramme de l'empereur Louis le Pieux. Noter aussi la disposition traditionnelle du monogramme, enchâssé non plus dans un énoncé explicatif (Signum Talis... regis), mais dans la souscription de chancellerie (position usuelle depuis Louis VII).
Le scellement est fait sur lacs de soie.
La genérosité du repli destiné à supporter le poids du sceau est-elle même un élément de solennité : on ne marchande pas sur la quantité de parchemin.
La recherche de symétrie est évidente, depuis le XIIe siècle, entre monogramme et sceau, comme re-présentations actives du pouvoir royal, pivots où l'acte trouve sa stabilité et sa permanence.
Noter que le soin apporté à la mise par écrit n'exclut pourtant pas une bourde dans la première ligne, dû au manque de lisibilité des lettres allongées (i initial omis dans [i]ndividue).
Suite : Parties du discours.