Le document se présente comme une lettre au sens strict. Son destinataire est apostrophé (l’« adresse » plus complète figure au verso : elle est apposée quand la lettre est repliée et cachetée). On distingue les parties essentielles des actes, encore sont-elles aussi bien celles de la rédaction épistolaire : une suscription ici très particulière (« De par le roy »), une adresse (« Charles »), à l’autre bout une date (« Donné… ») ; entre les deux, un texte où l’on distingue à peine la séparation entre un exposé, à l’incipit usuel (« Comme… »), et ce qui est moins dispositif que cœur du message (« si nous plairoit… et vous saurions bon gré… »).
Renforcée à nos yeux par les circonstances toutes spéciales de sa rédaction (le roi de France captif à Londres, son fils gérant le royaume), la capacité de séduction du texte tient aussi à la rhétorique de la lettre, qui cherche à rendre présentes et audibles les paroles de l’absent ; le rythme haletant de la construction n’est pas pour peu dans cette animation du discours, au demeurant des plus habiles.
L’« exposé » est bâti sur un rythme ternaire, recoupé par une incessante mise en contraste de « nous » et de « vous » ; son point d’orgue annonce déjà le dénouement attendu, comme s’il était inéluctable :
Une incise s’introduit alors, qui tend à désactiver le conflit latent entre le père éloigné et son fils resté aux affaires ; il n’y est plus question que de l’impétrant malheureux qu’une sorte de fatalité, et non son incapacité, empêche seule de récolter le fruit de la nomination royale :
On quitte alors le passé du récit pour gagner le présent de l’injonction dissimulée : rythme binaire d’abord pour présenter la demande sur le mode du souhait insistant, rythme ternaire ensuite pour accumuler les bonnes raisons. Le ton impératif se dévoile dans une (fausse) addition, qui règle laconiquement le cas du compétiteur.
Suite et fin : Interprétation.
Le document se présente comme une lettre au sens strict. Son destinataire est apostrophé (l’« adresse » plus complète figure au verso : elle est apposée quand la lettre est repliée et cachetée). On distingue les parties essentielles des actes, encore sont-elles aussi bien celles de la rédaction épistolaire : une suscription ici très particulière (« De par le roy »), une adresse (« Charles »), à l’autre bout une date (« Donné… ») ; entre les deux, un texte où l’on distingue à peine la séparation entre un exposé, à l’incipit usuel (« Comme… »), et ce qui est moins dispositif que cœur du message (« si nous plairoit… et vous saurions bon gré… »).
Renforcée à nos yeux par les circonstances toutes spéciales de sa rédaction (le roi de France captif à Londres, son fils gérant le royaume), la capacité de séduction du texte tient aussi à la rhétorique de la lettre, qui cherche à rendre présentes et audibles les paroles de l’absent ; le rythme haletant de la construction n’est pas pour peu dans cette animation du discours, au demeurant des plus habiles.
L’« exposé » est bâti sur un rythme ternaire, recoupé par une incessante mise en contraste de « nous » et de « vous » ; son point d’orgue annonce déjà le dénouement attendu, comme s’il était inéluctable :
Comme pieça vous eussions fait dire... que l’office… nous avions octroiee... et avant ce que vous sceussiez nostre volenté eussiez ledit office donné... mais non obstant ce feistes response... que, se il nous plaisoit que ledit Guerriot eust ledit office, vous vouliés que il l’eust et le li feriés mettre au delivre,Une incise s’introduit alors, qui tend à désactiver le conflit latent entre le père éloigné et son fils resté aux affaires ; il n’y est plus question que de l’impétrant malheureux qu’une sorte de fatalité, et non son incapacité, empêche seule de récolter le fruit de la nomination royale :
si savons bien que ledit Guerriot n’en fist onques puis nulle poursuitte, combien que il ait plus cher ledit office que nul autre profit ailleurs et pour cause,On quitte alors le passé du récit pour gagner le présent de l’injonction dissimulée : rythme binaire d’abord pour présenter la demande sur le mode du souhait insistant, rythme ternaire ensuite pour accumuler les bonnes raisons. Le ton impératif se dévoile dans une (fausse) addition, qui règle laconiquement le cas du compétiteur.
si nous plairoit bien que il l’eust et vous saurions bon gré de le li mettre au delivre, pour ce que nous le li donames et que a lui seroit bien seant, et aussi que de li et de son service nous nous tenons a bien content. Et audit Jehannin de Montigny faictes et pourveez d’aucun autre proffit ailleurs.Suite et fin : Interprétation.