Il est assez naturel de trouver, aux côtés des actes produits en chancellerie selon une norme pesante et avec de multiples médiations, des lettres où le souverain s’exprime plus immédiatement, pour faire circuler des nouvelles, pour communiquer des ordres ou pour nouer un dialogue ; il est non moins naturel de leur voir des chances de survie archivistique assez longtemps médiocres, comme des dates « incomplètes » de l’année. Mais une évolution elle-même peu étonnante crée des modèles, des styles, suscite en bref une formalisation, comme elle fait surgir des particularités de rédaction et de présentation.
Un important secteur des lettres dont le roi de France confiait la rédaction à des « clercs du secret » (secrétaires), vit ainsi ses caractères se fixer aux années 1320. Comme dans la présente lettre, la suscription y était dépersonnalisée et mise en exergue sous la forme « De par le roi », qui finit par qualifier le type documentaire au détriment d’autres appellations comme « lettres closes ». Évolution contemporaine et symétrique à la chancellerie royale anglaise (lettres « By the king »), décalée à la chancellerie pontificale (« brefs » avec le nom et l’ordinal du pape en exergue) ; mais particularité française : si ces lettres échappent totalement au circuit de la rédaction et du scellement en chancellerie (jusque dans la couleur de la cire, rouge, et la nature du sceau), les secrétaires ne formèrent jamais un corps à part, ni même de rédacteurs exclusifs de ces lettres.
C’est sans surprise non plus qu’en sus du sceau du secret, plus proche du roi, si ce n’est de son signet personnel, l’on voit ces lettres attirer bien plus volontiers que les actes de chancellerie la signature royale. Le présent document est du reste l’un des premiers à montrer cette évolution : on ne connaît que trois lettres portant la signature autographe de Jean le Bon, contre une quinzaine pour son fils Charles V, l’accroissement étant ensuite exponentiel.
La signature n’ayant rien de systématique (et se trouvant souvent apposée en concurrence par plusieurs secrétaires), le sceau de clôture sautant généralement à l’ouverture de la lettre, l’adresse étant dépersonnalisée et l’année non mentionnée, on conçoit à quel point ces lettres peuvent être difficiles à dater : quand le destinataire n’a pas apposé une date précise de réception avant archivage, il ne reste qu’à recouper les éléments historiques cités et l’itinéraire du roi.
Il est assez naturel de trouver, aux côtés des actes produits en chancellerie selon une norme pesante et avec de multiples médiations, des lettres où le souverain s’exprime plus immédiatement, pour faire circuler des nouvelles, pour communiquer des ordres ou pour nouer un dialogue ; il est non moins naturel de leur voir des chances de survie archivistique assez longtemps médiocres, comme des dates « incomplètes » de l’année. Mais une évolution elle-même peu étonnante crée des modèles, des styles, suscite en bref une formalisation, comme elle fait surgir des particularités de rédaction et de présentation.
Un important secteur des lettres dont le roi de France confiait la rédaction à des « clercs du secret » (secrétaires), vit ainsi ses caractères se fixer aux années 1320. Comme dans la présente lettre, la suscription y était dépersonnalisée et mise en exergue sous la forme « De par le roi », qui finit par qualifier le type documentaire au détriment d’autres appellations comme « lettres closes ». Évolution contemporaine et symétrique à la chancellerie royale anglaise (lettres « By the king »), décalée à la chancellerie pontificale (« brefs » avec le nom et l’ordinal du pape en exergue) ; mais particularité française : si ces lettres échappent totalement au circuit de la rédaction et du scellement en chancellerie (jusque dans la couleur de la cire, rouge, et la nature du sceau), les secrétaires ne formèrent jamais un corps à part, ni même de rédacteurs exclusifs de ces lettres.
C’est sans surprise non plus qu’en sus du sceau du secret, plus proche du roi, si ce n’est de son signet personnel, l’on voit ces lettres attirer bien plus volontiers que les actes de chancellerie la signature royale. Le présent document est du reste l’un des premiers à montrer cette évolution : on ne connaît que trois lettres portant la signature autographe de Jean le Bon, contre une quinzaine pour son fils Charles V, l’accroissement étant ensuite exponentiel.
La signature n’ayant rien de systématique (et se trouvant souvent apposée en concurrence par plusieurs secrétaires), le sceau de clôture sautant généralement à l’ouverture de la lettre, l’adresse étant dépersonnalisée et l’année non mentionnée, on conçoit à quel point ces lettres peuvent être difficiles à dater : quand le destinataire n’a pas apposé une date précise de réception avant archivage, il ne reste qu’à recouper les éléments historiques cités et l’itinéraire du roi.