Le style de l’acte est caractéristique, par l’emphase séculaire qui accompagne l’expression de la volonté royale mais aussi par la recherche de précision, plus récente, dans la description et la localisation des biens visés, dans la désignation des lieux et des personnes, volontiers accompagnés de “surnoms” (que cognominatur, qui appellatur...).
Comme l’écriture et la mise en page, la langue et l’organisation du discours montrent combien le diplôme capétien s’est créé une tradition en modifiant par touches subtiles, sans césure forte, le précepte carolingien, dont on a gardé première ligne et lettres allongées, monogramme, formules diverses, mais que l’on a aussi sans cesse remanié (abandon du chrismon, intrusion du pronom personnel dans la suscription, changement de nature de la formule d’encadrement du monogramme...), en puisant à toutes les sources, de l’acte « privé » (souscriptions) à l’acte pontifical (ligatures, grande date...). On pourrait formule après formule dégager une stratigraphie de ces importations, et, comme pour la mise en page, souligner l’importance du règne de Philippe Ier (format, formule d’annonce du monogramme, des souscriptions de grands officiers...).
Assez représentatif, donc, d’une production progressivement plus nombreuse et plus normée (mais, toutes sources confondues, l’on n’arrivera sans doute jamais à recenser un millier d’actes pour le long règne de Louis VII), ce document est aussi assez exceptionnel en ce que son bénéficiaire est un laïque, et plus encore une femme.
Il ne nous est bien sûr connu que pour avoir été transmis par un fonds d’archives ecclésiastique, celui du prieuré clunisien de Saint-Martin-des-Champs, qui a recueilli dans son patrimoine le petit îlot d’immunité créé par le roi, dit plus tard « fief de la Rapée ». Il reste que, en 1137/1138, l’acte est exclusivement passé entre laïques, débarrassé donc du possible parasitage de la mise par écrit par le bénéficiaire ecclésiastique.
Cela ne veut pas dire qu’il donne à voir un « pur » produit du travail de la chancellerie royale, moins encore une parole laïque. La « chancellerie », pour autant que l’on puisse plaquer une réalité institutionnelle ferme sur le groupe de chapelains et de clercs qui mettent par écrit les paroles royales, est entièrement modelée par les usages d’écriture de quelques groupes, de quelques établissements, pôles culturels proches du roi — selon les propres origines du chancelier, la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’abbaye Saint-Victor, à l’occasion Saint-Denis, ou ponctuellement d’autres encore. Dans le patron créé par leurs prédécesseurs des siècles passés, ils insufflent leurs propres habitudes graphiques, leurs tics lexicaux, le reflet de leur culture et de leurs idéaux, comme ils tendent au souverain le miroir qu’ils ont eux-mêmes poli de la grandeur et des devoirs du roi chrétien.
Le style de l’acte est caractéristique, par l’emphase séculaire qui accompagne l’expression de la volonté royale mais aussi par la recherche de précision, plus récente, dans la description et la localisation des biens visés, dans la désignation des lieux et des personnes, volontiers accompagnés de “surnoms” (que cognominatur, qui appellatur...).
Comme l’écriture et la mise en page, la langue et l’organisation du discours montrent combien le diplôme capétien s’est créé une tradition en modifiant par touches subtiles, sans césure forte, le précepte carolingien, dont on a gardé première ligne et lettres allongées, monogramme, formules diverses, mais que l’on a aussi sans cesse remanié (abandon du chrismon, intrusion du pronom personnel dans la suscription, changement de nature de la formule d’encadrement du monogramme...), en puisant à toutes les sources, de l’acte « privé » (souscriptions) à l’acte pontifical (ligatures, grande date...). On pourrait formule après formule dégager une stratigraphie de ces importations, et, comme pour la mise en page, souligner l’importance du règne de Philippe Ier (format, formule d’annonce du monogramme, des souscriptions de grands officiers...).
Assez représentatif, donc, d’une production progressivement plus nombreuse et plus normée (mais, toutes sources confondues, l’on n’arrivera sans doute jamais à recenser un millier d’actes pour le long règne de Louis VII), ce document est aussi assez exceptionnel en ce que son bénéficiaire est un laïque, et plus encore une femme.
Il ne nous est bien sûr connu que pour avoir été transmis par un fonds d’archives ecclésiastique, celui du prieuré clunisien de Saint-Martin-des-Champs, qui a recueilli dans son patrimoine le petit îlot d’immunité créé par le roi, dit plus tard « fief de la Rapée ». Il reste que, en 1137/1138, l’acte est exclusivement passé entre laïques, débarrassé donc du possible parasitage de la mise par écrit par le bénéficiaire ecclésiastique.
Cela ne veut pas dire qu’il donne à voir un « pur » produit du travail de la chancellerie royale, moins encore une parole laïque. La « chancellerie », pour autant que l’on puisse plaquer une réalité institutionnelle ferme sur le groupe de chapelains et de clercs qui mettent par écrit les paroles royales, est entièrement modelée par les usages d’écriture de quelques groupes, de quelques établissements, pôles culturels proches du roi — selon les propres origines du chancelier, la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’abbaye Saint-Victor, à l’occasion Saint-Denis, ou ponctuellement d’autres encore. Dans le patron créé par leurs prédécesseurs des siècles passés, ils insufflent leurs propres habitudes graphiques, leurs tics lexicaux, le reflet de leur culture et de leurs idéaux, comme ils tendent au souverain le miroir qu’ils ont eux-mêmes poli de la grandeur et des devoirs du roi chrétien.