L'acte est Établi en forme de chirographe, en
deux exemplaires identiques au moins. Sa devise est ici, de façon courante, une
devise per alphabetum : on lit ou devine la moitiÉ
infÉrieure des lettres de A è X (avec I = J et U = V). Par le
milieu de cette "devise" (divisa) passe la coupure entre les
deux exemplaires, remis chacun è une partie, et dont le rapprochement
en cas de litige ultÉrieur sanctionnera l'authenticitÉ.
Dans l'Écriture, on notera le I initial et le
catactère gÉnÉral d'application, de
rÉgularitÉ (voir le commentaire
palÉographique).
Trois blocs, devise è part, sont
mÉnagÉs par le rÉdacteur, correspondant è
trois Étapes :
le texte proprement dit, formant le corps de l'acte ;
la date et les souscriptions des parties et des tÉmoins ou
garants, très nettement sÉparÉes par des
ponctuation fortes (points) ; dans l'ordre voulu se succèdent les
souscriptions des auteurs (ils sont ici quatre : deux pour chacune des
parties contractantes qui ont "fait la convenance et la donation") puis de
cinq personnages, qui peuvent être tÉmoins ou garants, ou les deux
è la fois ;
la rÉcognition finale du rÉdacteur.
Les signes graphiques abondent. Leur emploi,
articulÉ et cohÉrent, enrichi même, est un peu le chant du
cygne de pratiques qui vont être balayÉes, au XIIIe siècle, par la diffusion du sceau, des notaires publics,
des juridictions gracieuses.
La souscription de l'Évêque d'Elne est
venue s'enchÂsser entre les blocs 1 et 2. Contrairement aux
apparences, elle n'est pas forcÉment autographe : le scribe a
très bien pu lui donner plus de solennitÉ par des lettres
grandies (comme pour son propre nom), l'Évêque souscrivant comme
les autres souscripteurs (voir ci-après).
Les croix requises des souscriptions sont
è l'origine un substitut de l'autographie, requis quand l'acte et
la souscription elle-même sont Écrits par un tiers. La fonction de
validation de la croix, trace visible de l'implication personnelle de
l'auteur ou du tÉmoin, est bien Évidemment enrichie d'une
dimension religieuse, trace d'une implication morale sanctionnÉe
par Dieu. On observe ici une pratique très rÉpandue au sud
de la France : d'une part la croix est enchÂssÉe dans le
mot signum ("Ceci est la souscription de"), è
l'imitation des anciens prÉceptes royaux oè le monogramme
Était enchÂssÉ dans la formule Signum
«Talis» regis ; d'autre part, le scripteur de l'acte, qui
Écrit les souscriptions, trace aussi la branche verticale (en
d'autres cas, c'est cette branche qui peut ĂŞtre autographe), et trois des
quatre points ornementaux qui cantonnent la croix ; les souscripteurs n'ont
plus qu'è tracer (il est plus gros, moins habile) le
quatrième point. Le signe visible est lè. Pratiques
diplomatiques et pratiques graphiques font Écran : il est
impossible de passer de la statistique des souscriptions par croix ou point
è celles de l'illettrisme ambiant, puisque progressivement, avant
la très lente Émergence de la signature, les
rÉdacteurs d'actes privÉs marginalisent puis
Écartent les souscriptions autographes.
La "rÉcognition" du
rÉdacteur de l'acte est elle aussi très typique.
Dans sa formulation : nom, qualitÉ, rê jouÉ avec
rappel de la date (dÉlivrance) de l'acte. Dans la personne du
rÉdacteur, comme souvent dans le Sud-Ouest, pris au
clergÉ. Dans son enrichissement graphique, enfin : nom en lettres
allongÉes ; croix enjolivÉe : il ne s'agit pas encore d'un
"seing manuel" qui, comme dans le notariat public, serait
dÉposÉ auprès des autoritÉs ; mais il
lui prÉpare la voie : il est propre au rÉdacteur, enrichi
graphiquement. En bref, sans être è proprement parler un "signe de
validation", il concourt, avec bien d'autres ÉlÉments,
è une mise par Écrit dÉjè très
formalisÉe, è une "authentification" qui donne poids et
autoritÉ è l'Écrit
L'acte est Établi en forme de chirographe, en deux exemplaires identiques au moins. Sa devise est ici, de façon courante, une devise per alphabetum : on lit ou devine la moitiÉ infÉrieure des lettres de A è X (avec I = J et U = V). Par le milieu de cette "devise" (divisa) passe la coupure entre les deux exemplaires, remis chacun è une partie, et dont le rapprochement en cas de litige ultÉrieur sanctionnera l'authenticitÉ.
Dans l'Écriture, on notera le I initial et le catactère gÉnÉral d'application, de rÉgularitÉ (voir le commentaire palÉographique).
Trois blocs, devise è part, sont mÉnagÉs par le rÉdacteur, correspondant è trois Étapes :
Les signes graphiques abondent. Leur emploi, articulÉ et cohÉrent, enrichi même, est un peu le chant du cygne de pratiques qui vont être balayÉes, au XIIIe siècle, par la diffusion du sceau, des notaires publics, des juridictions gracieuses.