Introduction des cours Dossiers documentaires Bibliographies
1157, 9 octobre. Concession en fief d'une maison Ă  Saint-Hippolyte
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Dossier 9
  1. Caractères externes
  2. Caractères internes

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Essai

L'acte est Établi en forme de chirographe, en deux exemplaires identiques au moins. Sa devise est ici, de façon courante, une devise per alphabetum : on lit ou devine la moitiÉ infÉrieure des lettres de A è X (avec I = J et U = V). Par le milieu de cette "devise" (divisa) passe la coupure entre les deux exemplaires, remis chacun è une partie, et dont le rapprochement en cas de litige ultÉrieur sanctionnera l'authenticitÉ.

Dans l'Écriture, on notera le I initial et le catactère gÉnÉral d'application, de rÉgularitÉ (voir le commentaire palÉographique).

Trois blocs, devise è part, sont mÉnagÉs par le rÉdacteur, correspondant è trois Étapes :

  • le texte proprement dit, formant le corps de l'acte ;
  • la date et les souscriptions des parties et des tÉmoins ou garants, très nettement sÉparÉes par des ponctuation fortes (points) ; dans l'ordre voulu se succèdent les souscriptions des auteurs (ils sont ici quatre : deux pour chacune des parties contractantes qui ont "fait la convenance et la donation") puis de cinq personnages, qui peuvent ĂŞtre tÉmoins ou garants, ou les deux è la fois ;
  • la rÉcognition finale du rÉdacteur.

Les signes graphiques abondent. Leur emploi, articulÉ et cohÉrent, enrichi même, est un peu le chant du cygne de pratiques qui vont être balayÉes, au XIIIe siècle, par la diffusion du sceau, des notaires publics, des juridictions gracieuses.

  • La souscription de l'ÉvĂŞque d'Elne est venue s'enchĂ‚sser entre les blocs 1 et 2. Contrairement aux apparences, elle n'est pas forcÉment autographe : le scribe a très bien pu lui donner plus de solennitÉ par des lettres grandies (comme pour son propre nom), l'ÉvĂŞque souscrivant comme les autres souscripteurs (voir ci-après).
  • Les croix requises des souscriptions sont è l'origine un substitut de l'autographie, requis quand l'acte et la souscription elle-mĂŞme sont Écrits par un tiers. La fonction de validation de la croix, trace visible de l'implication personnelle de l'auteur ou du tÉmoin, est bien Évidemment enrichie d'une dimension religieuse, trace d'une implication morale sanctionnÉe par Dieu. On observe ici une pratique très rÉpandue au sud de la France : d'une part la croix est enchĂ‚ssÉe dans le mot signum ("Ceci est la souscription de"), è l'imitation des anciens prÉceptes royaux oè le monogramme Était enchĂ‚ssÉ dans la formule Signum «Talis» regis ; d'autre part, le scripteur de l'acte, qui Écrit les souscriptions, trace aussi la branche verticale (en d'autres cas, c'est cette branche qui peut ĂŞtre autographe), et trois des quatre points ornementaux qui cantonnent la croix ; les souscripteurs n'ont plus qu'è tracer (il est plus gros, moins habile) le quatrième point. Le signe visible est lè. Pratiques diplomatiques et pratiques graphiques font Écran : il est impossible de passer de la statistique des souscriptions par croix ou point è celles de l'illettrisme ambiant, puisque progressivement, avant la très lente Émergence de la signature, les rÉdacteurs d'actes privÉs marginalisent puis Écartent les souscriptions autographes.
  • La "rÉcognition" du rÉdacteur de l'acte est elle aussi très typique. Dans sa formulation : nom, qualitÉ, rĂŞ jouÉ avec rappel de la date (dÉlivrance) de l'acte. Dans la personne du rÉdacteur, comme souvent dans le Sud-Ouest, pris au clergÉ. Dans son enrichissement graphique, enfin : nom en lettres allongÉes ; croix enjolivÉe : il ne s'agit pas encore d'un "seing manuel" qui, comme dans le notariat public, serait dÉposÉ auprès des autoritÉs ; mais il lui prÉpare la voie : il est propre au rÉdacteur, enrichi graphiquement. En bref, sans ĂŞtre è proprement parler un "signe de validation", il concourt, avec bien d'autres ÉlÉments, è une mise par Écrit dÉjè très formalisÉe, è une "authentification" qui donne poids et autoritÉ è l'Écrit