Le discours diplomatique est très simple,
Économe : une rapide invocation, une rapide notification, et
l'on entre de plain-pied dans un dispositif qui, de façon usuelle dans ce genre
de document, souple et pliable è de multiples usages sociaux,
reproduit un dialogue oè chacune des deux parties è tour de
rĂŞle prend la parole, une parole simplement (mais avec beaucoup d'art
et beaucoup de formulaire) couchÉe sur le parchemin. Ce moule, commun
è la production du haut Moyen Age dont la forme est encore
conservÉe dans le sud de la France au XIIe
siècle, avec d'insensibles adaptations, est d'autant plus sensible que
l'on est ici face è une convenientia, type
parfait de l'acte "synallagmatique", qui met les deux parties sur un pied
d'ÉgalitÉ, è responsabilitÉ Égale
(elles sont d'ailleurs considÉrÉes, dans les souscriptions,
comme co-auteurs : "[nous quatre] qui faisons cet accord et cette donation
entre nous").
Cette forme est parfaitement adaptÉe au fond ;
même avec des disparitÉs sociales et/ou politiques (qu'elle peut
masquer plus ou moins parfaitement), elle traduit l'Échange, la
circulation du don/contre-don (l'acte est
formulÉ comme une donation), du "fief", entendu de façon encore assez
large : donnÉ è perpÉtuitÉ, ce "cadeau qui
oblige" implique en contrepartie une fidÉlitÉ. Rien de
figÉ : on est ici au moment prÉcis oè, sans être
formulÉe dans le moule rigide du droit fÉodal savant, la
fidÉlitÉ, promise (pas d'allusion è un serment, mais
è un simple engagement, convenimus, encore
moins d'allusion è un "hommage"), n'est plus seulement
nÉgative (ne pas porter tort, ne pas attaquer...) ; mais elle est
encore de contenu vague et largement "dÉfensive" (dÉfendre
contre les ennemis) : elle n'est pas forcÉment inefficace, c'est
plutôt que le rÉdacteur ni ses clients n'Éprouvent pas (pas
encore) le besoin de prÉciser davantage le complexe de "services" qui
est fixÉ par la coutume.
En conclusion, l'acte est une parfaite illustration de l'art
documentaire du XIIe siècle :
l'Écrit, plus frÉquent, est encore d'usage
pÉriodique ; les affaires assez importantes (ce que montre par exemple
la garantie implicite que l'on va demander è l'Évêque d'Elne)
suscitent, même è un niveau non princier, une mise en forme graphique
soignÉe, sinon raffinÉe. Du strict point de vue diplomatique,
la grille d'analyse classique des "modes de validation" est un peu en
porte-è-faux : l'autoritÉ locale et le savoir du
rÉdacteur, le respect de vieilles recettes de prÉsentation,
la vivacitÉ de la parole, le poids social des tÉmoins
concourent autant que les signes graphiques (la forme chirographaire,
nouveautÉ relative ; les très traditionnelles
rÉcognitions) è la validitÉ globale de l'acte.
Le discours diplomatique est très simple, Économe : une rapide invocation, une rapide notification, et l'on entre de plain-pied dans un dispositif qui, de façon usuelle dans ce genre de document, souple et pliable è de multiples usages sociaux, reproduit un dialogue oè chacune des deux parties è tour de rêle prend la parole, une parole simplement (mais avec beaucoup d'art et beaucoup de formulaire) couchÉe sur le parchemin. Ce moule, commun è la production du haut Moyen Age dont la forme est encore conservÉe dans le sud de la France au XIIe siècle, avec d'insensibles adaptations, est d'autant plus sensible que l'on est ici face è une convenientia, type parfait de l'acte "synallagmatique", qui met les deux parties sur un pied d'ÉgalitÉ, è responsabilitÉ Égale (elles sont d'ailleurs considÉrÉes, dans les souscriptions, comme co-auteurs : "[nous quatre] qui faisons cet accord et cette donation entre nous").
Cette forme est parfaitement adaptÉe au fond ; même avec des disparitÉs sociales et/ou politiques (qu'elle peut masquer plus ou moins parfaitement), elle traduit l'Échange, la circulation du don/contre-don (l'acte est formulÉ comme une donation), du "fief", entendu de façon encore assez large : donnÉ è perpÉtuitÉ, ce "cadeau qui oblige" implique en contrepartie une fidÉlitÉ. Rien de figÉ : on est ici au moment prÉcis oè, sans être formulÉe dans le moule rigide du droit fÉodal savant, la fidÉlitÉ, promise (pas d'allusion è un serment, mais è un simple engagement, convenimus, encore moins d'allusion è un "hommage"), n'est plus seulement nÉgative (ne pas porter tort, ne pas attaquer...) ; mais elle est encore de contenu vague et largement "dÉfensive" (dÉfendre contre les ennemis) : elle n'est pas forcÉment inefficace, c'est plutôt que le rÉdacteur ni ses clients n'Éprouvent pas (pas encore) le besoin de prÉciser davantage le complexe de "services" qui est fixÉ par la coutume.
En conclusion, l'acte est une parfaite illustration de l'art documentaire du XIIe siècle : l'Écrit, plus frÉquent, est encore d'usage pÉriodique ; les affaires assez importantes (ce que montre par exemple la garantie implicite que l'on va demander è l'Évêque d'Elne) suscitent, même è un niveau non princier, une mise en forme graphique soignÉe, sinon raffinÉe. Du strict point de vue diplomatique, la grille d'analyse classique des "modes de validation" est un peu en porte-è-faux : l'autoritÉ locale et le savoir du rÉdacteur, le respect de vieilles recettes de prÉsentation, la vivacitÉ de la parole, le poids social des tÉmoins concourent autant que les signes graphiques (la forme chirographaire, nouveautÉ relative ; les très traditionnelles rÉcognitions) è la validitÉ globale de l'acte.