1. Franciscain anglais en conflit avec la papauté, Guillaume d’Ockham (✝ 1349) est un des principaux représentants médiévaux du nominalisme. Pour cette doctrine aux formes multiples, il n’existe pas d’idées générales, mais des mots et des noms généraux issus de conventions.
Les fortes nuances qu’apporte Grégoire de Rimini au nominalisme d’ Ockham1 se perçoivent nettement dans le prologue de son commentaire. Dans la première question, Grégoire pose la question alors classique du statut scientifique de la théologie. Les trois premiers arguments, appuyés par Augustin et Hugues de Saint-Victor, affirment la scientificité de la théologie, dès lors qu’elle diffère de la foi du simple fidèle ou de l’opinion. Le discours théologique donne une connaissance particulière sur les articles de foi, ce qui fonde son caractère scientifique. Contre cette série d’arguments, Grégoire indique que le discours scientifique implique l’utilisation du syllogisme. Or, la théologie ne saurait faire du syllogisme qu’un usage imparfait, puisqu’elle se base sur des prémisses de foi.
Pour savoir à quel genre de connaissance parvient la théologie, il est donc nécessaire de clarifier ce qu’on entend par objet scientifique, discours théologique et science. Dans le premier article, Grégoire de Rimini s’efforce de déterminer ce qu’est un objet scientifique. Pour ce faire, il commence par donner l’opinion d’Ockham qui est résumée en cinq thèses. Pour Ockham, l’objet de la science est ce qui est su. Il s’agit de la conclusion scientifique qui est le produit de la démonstration. L’esprit n’a pas accès à la vérité à travers une vérité universelle ou singulière, mais ne connaît ou ne peut approuver que des propositions. Tout en refusant que la réalité extérieure soit l’objet de la science, Grégoire propose une solution mesurée. Pour lui, l’objet scientifique est ce qui signifié par la conclusion et non la proposition conclusive elle-même.