Le trait le plus net est le « nous » du bénéficiaire, qui rédige l’acte et capte la parole, alors que l’auteur de l’action juridique, la reine, est cité de façon objective, puis appose une croix de confirmation, à son tour décrite de façon objective.
Le latin est digne du haut centre culturel qu’est Marmoutier. Il est pourtant assez sobre ; très caractéristique du premier XIIe siècle, le mélange de volonté de précision (onomastique à deux éléments, énumération des confins…) et l’imprécision générale de la description de la « forêt » (forestis/silva), de ses limites, difficiles à repérer, de ses droits guère transparents (forestage et toutes coutumes). Les rédacteurs de l’époque sont sensibles à la nécessité de borner le monde et de décrire la société, mais l’acte n’est pas investi d’un souci absolu d’exactitude : épaulé par d’autres dispositifs (à commencer par la mémoire de témoins, des communautés, qui savent pertinemment les limites et les droits), il vise avant tout à régler les rapports entre personnes, à désamorcer les contestations, à glorifier l’aumône…
Le trait le plus net est le « nous » du bénéficiaire, qui rédige l’acte et capte la parole, alors que l’auteur de l’action juridique, la reine, est cité de façon objective, puis appose une croix de confirmation, à son tour décrite de façon objective.
Le latin est digne du haut centre culturel qu’est Marmoutier. Il est pourtant assez sobre ; très caractéristique du premier XIIe siècle, le mélange de volonté de précision (onomastique à deux éléments, énumération des confins…) et l’imprécision générale de la description de la « forêt » (forestis/silva), de ses limites, difficiles à repérer, de ses droits guère transparents (forestage et toutes coutumes). Les rédacteurs de l’époque sont sensibles à la nécessité de borner le monde et de décrire la société, mais l’acte n’est pas investi d’un souci absolu d’exactitude : épaulé par d’autres dispositifs (à commencer par la mémoire de témoins, des communautés, qui savent pertinemment les limites et les droits), il vise avant tout à régler les rapports entre personnes, à désamorcer les contestations, à glorifier l’aumône…