Introduction des cours Dossiers documentaires Bibliographies
1255, 29 avril (1255, 25 mai). Mandement Ă©piscopal (Reims) (1255, vidimus)
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Dossier 72

Essai

L’acte présente des caractères externes fréquemment rencontrés dans ce type modeste d’écrit.

L’écriture court sur le bord le plus long. Les dimensions sont modestes (195x145 mm). L’espace est entièrement utilisé par le scribe, ne laissant qu’une faible mage à gauche, et coupant les mots en fin de ligne à deux reprises (lignes 11/12 et 14/15). Le souci d’économiser le parchemin est flagrant.

L’acte semble avoir été écrit sans soin particulier ; ainsi, dans sa deuxième moitié, les lignes ne sont pas droites et pas toujours espacées régulièrement. Quant aux caractères graphiques, ils illustrent bien les expérimentations que connaissent les écritures documentaires du XIIIe siècle. Dérivées de l’écriture gothique, mais cursives, elles adoptent des traits originaux qui font que la cursivité devient ornement.

L’écriture, au premier abord, paraît rugueuse. De facto, certaines lettres sont très proches, en particulier les o et les e, les e et les c, les c et les t, ce qui rend la lecture parfois délicate ; cette parenté entre les lettres est flagrante (l. 9) avec monitionem et rationabilem (ne pourrait-on pas tout aussi bien lire monicionem et racionabilem ?) ; comparer également coram (l. 14) avec eorum (l. 9). C’est à cette époque que les c commencent à remplacer les t dans certaines terminaisons, ce qui peut faire douter encore plus. Dans le même temps, les i commencent à être identifiés par un trait oblique de pointage, comme le fait le scribe dans environ un cas sur trois, surtout pour les mots sujets à ambiguïté pour la lecture, par exemple minime (l. 12), où les jambages sont nombreux. Il peut aussi hésiter entre plusieurs formes pour une même lettre, comme le s : à la ligne 8, omnes illos quos en présente trois formes différentes !

Les majuscules sont dans l’ensemble peu ornées, et plus fonctionnelles que décoratives. Elles présentent une grande diversité : on trouve deux formes différentes pour le C majuscule (l. 1 : Caturco et Curie), dont l’une est très similaire avec le O majuscule (comparer l. 1 Curie avec Officialis ou avec Ottoboni l. 2). Les expérimentations se voient à travers certaines majuscules par leur calligraphie particulièrement développée (Datum, l. 16), voire torturée (Mandamus, l. 9, qui est toutefois un mot-clé du discours).

Comme celles d’actes contemporains du même genre, l’écriture se caractérise par une cursivité accrue, qui se traduit par une accentuation des hastes inférieures, des boucles encore plus audacieuses et arquées (par exemple les q et les p). À certains endroits, cette cursivité s’est stylisée (en particulier dans le g). Les ornements en sont venus à imiter des traits propres à la cursivité dans ces cas-là.

L’orientation et le format de l’acte, son écriture cursive, le caractère tassé de l’ensemble, le scellement sur simple queue de parchemin sont autant d’indices de l’absence de solennité d’un acte rédigé rapidement.