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Notions de diplomatique

Diplomatique, cours, parties du discours

1. Diplomatique, chronologie, sigillographie

1a. Les grandes étapes de formation du questionnaire diplomatique

La diplomatique est, assez improprement, nommée d’après les diplômes des souverains du haut Moyen Âge, documents particulièrement solennels qui ont largement occupé les pères fondateurs de la discipline. Elle vise, plus largement, à mettre en œuvre une compréhension critique de l’une des grandes catégories de sources écrites, les actes écrits (on disait volontiers au XIXe siècle les « chartes »), « où se trouve consigné soit l’accomplissement d’un acte juridique, soit l’existence d’un fait juridique, soit encore éventuellement un fait quelconque dès lors que l’écrit est rédigé dans une certaine forme propre à lui donner validité ».

Cette définition proposée il y a peu par la Commission internationale de diplomatique dit bien et l’objet et les traits fondamentaux de la discipline : la prise en compte de tout écrit utilisé ou utilisable comme titre, fondamentalement pour prouver un droit ; le lien essentiel avec la norme juridique dont les actes dérivent pour assurer le fonctionnement quotidien de la société et régler les rapports entre ses membres ; l’importance fondamentale du concept d’une « forme » à la fois contrainte et toujours renégociée.

Elle montre aussi une certaine gêne à fixer des limites trop rigides : des lettres faisant titre, des écrits mémoriaux appuyés sur la seule force de leur conservation (notices monastiques, registres et comptes pas autrement validés…) relèvent à l’évidence du même traitement intellectuel que les préceptes royaux, les privilèges pontificaux, les chartes épiscopales, les actes notariés ou passés sous le sceau d’une juridiction gracieuse.

De valeur universelle, dans la méthode et l’objet comme d’ailleurs dans le temps et l’espace (il existe aujourd’hui une diplomatique des tablettes d’argile, de l’Occident moderne et contemporain, du Japon ancien…), la discipline a reçu son nom et son premier programme dans le De re diplomatica libri VI… de dom Jean Mabillon (1681), mais dans le cadre très précis du tri entre sources véridiques et actes falsifiés (discrimen veri ac falsi), qui continue à former une part du travail des diplomatistes.

L’essentiel est ailleurs, dans une révolution intellectuelle qui consista à appliquer les préceptes de la méthode cartésienne au règlement des querelles mi-juridiques mi-érudites sur la confiance à donner à certains actes écrits : faire table rase des opinions reçues et de l’« autorité » acquise, subdiviser la question majeure en autant de questions mineures que possible, et les régler en procédant à des dénombrements (une mise en corpus) aussi étendus que possible. La diplomatique reçut ainsi un programme qui s’est révélé riche de formidables potentialités et de quelques entraves : un programme, si l’on veut, analitico-descriptif, qui consiste à ne pas considérer l’acte comme un tout, mais comme la somme d’un support, d’une écriture (objet de la paléographie, fille vite émancipée de la diplomatique), d’une langue, d’un discours, et encore, au sein de celui-ci, d’une succession de « parties du discours » formulées et assemblées de manière caractéristique (la façon dont on invoque ou pas la divinité, dont on exprime le nom du souverain, la date, etc.).

Aux fins de la critique des faux, confrontés à un corpus de référence aussi large que possible (autorisé par l’ouverture partielle des chartriers et les « voyages littéraires » aux XVIIe-XVIIIe siècles), les diplomatistes, qui commencèrent à se spécialiser dans leur discipline au cours du XVIIIe siècle, entreprirent ainsi d’engranger des matériaux, dont la collecte se poursuit encore aujourd’hui, mais qui se révélèrent bientôt, une fois mis en série, disponibles pour d’autres enquêtes : l’apprêt graphique et rhétorique du document, comme pièce de la communication visuelle et orale ; la forme donnée à une titulature ou à un monogramme, l’expression de la date de temps, la formulation d’idées générales légitimant l’acte (préambule), le jeu complexe de la circulation de formules, reprises, imitées, déformées ; tous éléments compris comme autant de marqueurs d’histoire politique, idéologique, culturelle…

Élargie dans son objet et ses curiosités, cette étape première de l’examen diplomatique reste centrée sur ce que le jargon de la discipline désigne comme la « forme » de l’acte. Elle vise à épauler l’exploitation historique de l’acte, décelant les falsifications, convertissant les anciennes formules de datation, déjouant les pièges d’une expression très formalisée et accrochée aux traditions, qui multiplie les risques de contresens et de littéralisme. La recherche progressant, des « diplomatiques spéciales » naquirent pour alimenter les notations de la « diplomatique générale » : il y en a autant de branches, plus ou moins développées, que de types d’auteurs d’actes écrits (diplomatique pontificale et diplomatique impériale, diplomatique royale et diplomatique épiscopale de chaque nation, diplomatique de l’acte privé…).

Le XIXe siècle a enrichi cette démarche de deux dimensions, qui forment aujourd’hui triptyque avec l’étude de la forme, après avoir été essentiellement prospectées par des diplomatistes de langue allemande.

D’un côté, sous l’influence transparente de la philologie, ceux-ci promurent systématiquement l’examen attentif de l’état dans lequel l’acte nous est parvenu (original, copie, traduction, mention…), ce que nous appelons l’étude de la « tradition » : comment décider si le témoin conservé est un original (l’opération est la plupart du temps intuitive et facilitée par la netteté du concept dans le domaine des actes, mais elle peut être plus délicate en certaines marges) ou une copie ? Quelles caractéristiques aussi s’attachent aux grands types de recueils de copies pratiqués au Moyen Âge (cartulaires, registres de chancellerie et de notaires…) ?

Ici encore formulé à des fins pratiques (asseoir une méthode scientifique d’édition), avec quelques présupposés glissants et un peu étroits (la nécessité de restaurer l’état originel en résolvant les « fautes » de copie), le programme a depuis rebondi, et toujours sous l’influence des études littéraires : la copie n’induit pas que perte ou subversion d’informations, elle est aussi témoin d’intérêts, de lectures dont les variations font sens. Exemple extrême, le faux, qui constitue un état négatif de la tradition, est aussi un précieux témoin sur les buts, conceptions, goûts, contraintes et moyens de travail du faussaire. Bien campée désormais dans l’étude des compilations (cartulaires), la diplomatique de la « tradition » des actes commence à peine aujourd’hui à explorer le domaine des pratiques archivistiques médiévales (cotations et plans de classement, art du regeste et naissance de l’inventaire…), comme on l’a fait plus tôt des catalogues de bibliothèque.

On peut assigner une date plus précise encore, les années 1860, à l’émergence du troisième volet du programme diplomatique, l’étude de la « genèse » de l’acte. En amont, et non plus en aval, de la naissance de l’acte, elle cherche à tirer parti d’attestations souvent implicites (indices relevés dans et sur l’acte), parfois et assez tardivement explicites (formulaires et textes normatifs), pour élucider le cheminement qui mène de la prise de décision à la mise par écrit de l’acte. Fruit elle aussi d’un besoin tout pratique (affiner la critique en reportant à la genèse des actes suspectés les irrégularités qui les feraient tenir pour faux au regard de leur seule forme), l’étude de la genèse a dévoilé progressivement tout son potentiel historique, par l’éclairage qu’elle donne sur le jeu de la supplique et de la prise de décision, sur les milieux d’écriture et leur prosopographie, plus largement encore sur la place de l’écrit dans les sociétés médiévales.

En élargissant ainsi ses curiosités, en exportant ses méthodes vers d’autres types d’écrits, la diplomatique voit s’estomper des frontières un peu paresseusement posées. Tel hésitera à parler de diplomatique ou de typologie des sources d’archives quand il étudie de façon sérielle les procédures de création et de conservation documentaires de comptes ou de cadastres, mises en rapport avec les exigences du pouvoir et de la société. D’autres redécouvrent le lointain cousinage des actes et des inscriptions, plus fréquemment encore la projection dans les actes de savoirs, de thèmes et de concepts (liturgiques, juridiques, ecclésiologiques…), de modes de communication. Le champ ouvert aux curiosités est à la mesure d’écrits à la fois formalisés et pragmatiques, conventionnels et inventifs, produits en masse mais par des artisans.

L’enquête du diplomatiste est, par chance, sans fin et, sans même évoquer les lacunes criantes en matière de corpus édités, ou de répartition chronologique des enquêtes, des secteurs sont à peine dans l’enfance : sur l’écriture et la lecture des actes, sur leur langue et leur rhétorique, sur la subtile diffusion des modèles, sur les non moins subtiles inflexions des traditions, sur l’évaluation des « évidences » documentaires et la pesée de ce qui n’a pas été conservé, ou pas écrit…

1b. La chronologie technique

Comme on l’a déjà suggéré, la diplomatique s’est aussitôt annexé comme auxiliaire la « chronologie technique ». Aux côtés de la chronologie « mathématique », au fondement astronomique, et de la chronologie « historique », qui débrouille la succession des événements et la durée des règnes, la chronologie « technique » (ou « diplomatique ») vise à restituer la logique des systèmes de datation utilisés par les différentes sociétés, et essentiellement transmis, pour le Moyen Âge, par les actes « datés », c’est-à-dire délivrés, en un certain temps et lieu, pour proposer une datation convertie dans notre actuel système.

Aide à la datation, parfois à la critique, elle engrange de son côté un matériau aujourd’hui à peine encore questionné sur la structuration (officielle) du temps et son influence sur les usages courants.

1c. La sigillographie

La position épistémologique de la sigillographie est nettement plus complexe : développée d’un côté comme une autre auxiliaire de la diplomatique (et de la critique), elle interroge aussi d’un autre côté un art « mineur », riche pourtant de spectaculaires réalisations (à tout le moins pour les sigillants les plus puissants) et plus encore d’un formidable témoignage social et culturel. À l’historien d’art, le sceau de cire ou la bulle de métal fournissent le cas unique d’un objet progressivement diffusé dans toute la société et très systématiquement daté avec précision (par l’acte qu’il valide, ce qui induit un écart, parfois notable, avec la date de gravure de la matrice, donc du choix iconographique).

Conservés en plusieurs millions d’exemplaires, encore très inégalement inventoriés (et de surcroît gravement menacés de ruine physique), sceaux et bulles offrent un triple matériau : au niveau le plus pragmatique, aux enquêtes sur le vêtement et l’armement ; au plan juridico-politique, sur les contraintes et possibilités de leur emploi pour valider les actes (l’une seulement de leurs fonctions, mais la mieux attestée) ; enfin et surtout, au plan culturel, sur les normes et codes qui président aux modes et conventions de figuration d’un individu ou d’une institution sur le signum qui les représente, au sens fort. Ici encore, le lien physique avec l’acte est un outil essentiel, qui permet de cerner la personne, l’époque et le statut du sigillant, mieux que la légende, presque jamais datée, souvent elliptique, ou la monochronomie imposée, qui entrave le témoignage héraldique (d’où les difficultés spécifiques d’étude des matrices conservées).

2. Les lieux de l’enseignement et de la recherche

Au plan international, les disciplines entrent dans les compétences propres de deux instances qui œuvrent au dialogue par des congrès et colloques, sans avoir siège fixe ni moyens propres de publication : la Commission internationale de diplomatique, rattachée au Comité international des sciences historiques depuis sa création en 1965 (http://www.cidipl.eu/) ; le Comité international de sigillographie, émanation du Conseil international des archives.

La place de la diplomatique (et, toujours peu ou prou rattachée, de la sigillographie) dans l’enseignement universitaire est très variable d’un pays à l’autre. Les pays de langue allemande, et ceux qui ont subi d’une façon ou l’autre leur influence (Belgique, Italie, Europe centrale), font traditionnellement une place spécifique à l’enseignement d’une diplomatique rangée parmi les « sciences fondamentales ». Souvent appuyé sur des instituts universitaires spécialisés (la diplomatique y est la plupart du temps couplée avec la paléographie), cet enseignement est largement prolongé dans les établissements de formation archivistique (Institut für Österreichische Geschichstforschung de Vienne, Université La Sapienza à Rome, Scuola vaticana di paleografia, diplo­matica e archivistica, Archivschule de Marburg, écoles rattachées à divers Archivi di Stato italiens…). Plus récemment, l’enseignement très fortement intégré de la paléographie, de la codicologie et de la diplomatique dans les universités espagnoles et portugaises a soutenu dans la péninsule ibérique un puissant mouvement d’études et d’éditions.

En France, la situation est plus tranchée, entre l’intégration à un enseignement à finalité essentiellement pratique dans les cursus universitaires d’histoire, et une place propre dans les programmes de l’École nationale des chartes et de quelques séminaires de la IVe section de l’École pratique des hautes études. Elle est encore plus spécifique dans les îles britanniques, où c’est la diplomatique elle-même qui semble entièrement fondue dans la discipline historique.

On trouvera à ce sujet un panorama commode quoique déjà un peu ancien, avec des renseignements pratiques, dans le répertoire de Ma Mos Cárcel Ortí, La enseñanza de la paleografía y diplomática : centros y cursos, Valencia, 1996. Des bilans nationaux ont été réunis à l’occasion du congrès de diplomatique de Bonn (septembre 2005) ; ils ont paru en large part dans Archiv für Diplomatik, t. 52 (2006) et t. 53 (2007).

En dehors des groupes de recherche constitués autour de ces pôles universitaires, il n’y a guère en diplomatique de lieux spécialisés de recherche, les entreprises d’édition étant elles aussi largement individuelles, quand même elles sont placées sous des patronages institutionnels (seule fait exception la direction centrale des Monumenta Germaniae historica à Munich), et les bibliothèques spécialisées sont intégrées aux centres concernés. Pour la France, font exception la Section de diplomatique de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (Centre Augustin Thierry, 3B avenue de la Recherche scientifique, 45071 Orléans Cedex ; http://www.irht.cnrs.fr/), qui poursuit d’imposants chantiers (recensement et microfilmage des cartulaires français, originaux des Archives nationales jusqu’en 1220, codicologie des documents d’archives, sources de l’histoire économique et sociale…), et l’A.R.Te.M. (aujourd’hui Centre de médiévistique Jean-Schneider), dont l’atelier diplomatique se consacre à la photographie et au traitement des actes originaux conservés en France jusqu’en 1120 (http://medievistique.univ-nancy2.fr/?contentId=7911).

3. Présentation du cours en ligne

Appuyé sur quelques-uns des fac-similés de l'École des chartes, le cours en ligne de diplomatique donne la possibilité de suivre pas à pas les étapes de la lecture, de l'interprétation, de l'examen des caractères externes et internes d'actes choisis comme exemplaires de certains des types documentaires les plus importants des archives de la France médiévale.

On prendra garde au fait que les plus anciens fac-similés sont en général des lithographies, dont les dessinateurs, au XIXe siècle, ont pu commettre des erreurs d'interprétation ; celles-ci toutefois ne sont guère gênantes que pour une analyse paléographique poussée, non pour la lecture courante.

Sur le fonds de fac-similés, voir la notice à ce sujet.

Les dossiers proposés sont d'inégale longueur et seuls certains actes sont dotés de commentaires étoffés sur des aspects spéciaux, ou au contraire sur les traits généraux propres au type diplomatique dont ils relèvent. Les dossiers consacrés à d’autres représentants de ces types font alors l’économie de ces remarques.

Les dossiers, préparés avec l'aide d'étudiants de l'École des chartes, visent seulement à proposer des exercices, à montrer aussi concrètement que possible la démarche des diplomatistes, à développer une certaine façon (nécessaire, mais non suffisante, à l'historien) de regarder les actes. Ils ne sont donc accompagnés d'aucune notion générale, qui doit être recherchée dans les manuels et études spécialisées.

Orientation bibliographique sur ce site.

Nous donnons toutefois ci-dessous (§ 4) un récapitulatif simplifié sur les parties du discours des actes, qui seront rencontrées dans les commentaires des dossiers sans être davantage expliquées.

4. Les parties du discours : rappel

Pour toute précision, voir les manuels de diplomatique, à la section de diplomatique générale, et les excellentes définitions proposées dans le Vocabulaire international de la diplomatique. — La liste qui suit donne les principales parties du discours, dans l'ordre très approximatif où elles peuvent se rencontrer.

Invocation (verbale = en toutes lettres, ou figurée = sous forme de signe graphique) : place l'acte sous le patronage d'une personne divine.

Suscription : décline l'identité de l'auteur de l'acte : nom personnel ± pronom personnel ± titre ± formule de dévotion (« par la grâce de Dieu » etc.), dite plus justement formule « de légitimation » par les diplomatistes allemands (cf. « évêque par la grâce du Saint-Siège »).

Adresse : décline l'identité du destinataire (pas forcément le bénéficiaire) de l'acte/lettre. Peut être individuelle, collective, universelle.

Salut : de règle quand il y a une adresse. En l'absence d'adresse, rien (ce qui dénote des rapports très tendus) ou formule de perpétuité (p. ex. « ad perpetuam rei memoriam »).

Préambule : ensemble de considérations générales, à valeur universelle, détachées du contexte particulier, qui motivent et légitiment l'acte.

Notification : formule-outil qui déclare la volonté de porter à la connaissance des lecteurs/auditeurs de l'acte.

N.B. : il faut être très attentif à la distinction parfois subtile entre adresse, et complément d'objet indirect de la notification. Elle est fondamentale en bien des cas pour décider si l'on est face à un acte très solennel (absence d'adresse) ou coulé dans le moule d'une lettre (adresse+salut).

Exposé : exposé logico-chronologique des circonstances qui ont amené la prise de décision.

Dispositif : cœur de l'acte, dévoile et explicite la décision, l'action juridique.

Clauses finales (1). La sanctio expose tout ce qui sert à « verrouiller » l'action juridique, à la garantir, renforcer, faire appliquer…

  • Clause intentionnelle (exprime que l'acte traduit la volonté de l'auteur : « car ainsi le voulons »...).
  • Clause injonctive (ordre donné aux agents d'appliquer l'acte : « Si donnons en mandement... »).
  • Clause prohibitive (inverse de la précédente : interdiction de mettre empêchement ou retard à l'application de l'acte).
  • Clause dérogative (l'auteur déroge aux règles qui pourraient contrarier l'application de l'acte : « Nonobstant ordonnances...... a ce contraires »)
  • Clause de réserve (inverse de la précédente, l'auteur affirmant que l'acte ne saurait empiéter sur les droits déjà acquis : « sauf en autres choses notre droit, et l'autrui [= le droit d'autrui] en toutes »).
  • Clause pénale (prononce à l'avance une condamnation séculière), clause comminatoire (prononce à l'avance une condamnation spirituelle), clause de bénédiction (plus rare : promet la félicité et bénit qui respectera l'acte)
  • Clause de promesse (l'auteur de l'action s'engage à respecter l'acte, par serment ou autre).
  • Clauses d'obligation, de garantie, de soumission à juridiction (apportent le moyen de faire respecter la promesse : en s'obligeant soi et son corps, ses biens et ses héritiers ; en donnant des garants, ou pleiges, ou en constituant une garantie sur d'autres biens ; en se soumettant d'avance à un tribunal précis).
  • Clauses de renonciation (renonciations à diverses exceptions prévues par la loi [droit romain ou canonique] ou par la coutume, et qui permettraient de faire annuler l'acte après coup, de faire traîner un procès intenté pour non-respect de l'acte, etc.).
  • Clauses de consentement (mentionnent le consentement donné par des parents ou alliés : laudatio parentum, par un seigneur...).

Clauses finales (2). Clauses de demande de prières, appel aux successeurs.

Clauses finales (3). Mention de formalités : servent à « verrouiller » l'acte écrit, en déclarant que les formalités requises (éminemment variables) ont été effectuées :

  • Tradition (description des cérémonies d'investiture, de déguerpissement...).
  • Jussio : mention de l'ordre donné d'écrire l'acte (plutôt dans les actes royaux/princiers).
  • Rogatio : symétrique, mention de l'ordre reçu d'écrire l'acte (plutôt dans les actes privés).
  • Annonce d'insinuation [dans les registres de la Curie municipale, etc.] : quand il y a insinuation (ou son souvenir).
  • Stipulatio : clause (« cum stipulatione subnexa » etc.) qui renvoie au droit romain antique et (à l'origine) indique que les parties ont échangé formellement leurs consentements.
  • Corroboration : annonce des moyens de validation finaux (peut être perpétuelle ; probatoire si elle inclut un mention du type « In cujus rei testimonium »).

Date : date de lieu et date de temps.

Apprécation (rare) = répondant (substitut) de l'invocation initiale, formule augurative souvent, tels un amen ou un triple amen, un « feliciter », etc.

Salut final = équivalent, mais sans connotation religieuse, dérivé du « Bene vale » antique.

Signes de validation :

  • Souscriptions, signatures, listes de témoins.
  • Recognitio (par un officier de chancellerie : essentiellement haut Moyen Âge ou privilèges qui y remontent), formule d'authentification (par un notaire, dite souscription notariale).
  • Signes de validation figurés.
  • Sceaux et bulles ; courroies nouées, objets symboliques de tradition

Mentions hors-teneur : internes à la chancellerie ou au bureau d'écriture. Indiquent qui a écrit et/ou composé l'acte ; qui l'a commandé (mentions de commandement) ; les étapes qu'il a suivies (contrôles, taxation, enregistrement...).

Penser aussi à la variété des intervenants (déclarés ou non, confondus ou non) :

  • Auteur de l'acte écrit.
  • Auteur de l'action juridique.
  • Destinataire de l'acte.
  • Bénéficiaire de l'acte/action [s'il ne retire pas plus d'avantage que l'auteur de l'action, on parle des « parties » de l'action juridique, des co-contractants].
  • Rédacteur (conçoit le texte), scripteur (écrit matériellement) de l'acte.