Conseils pour l’établissement des index
édition, index, typographie
Toute édition de texte, tout recueil de documents doit, comme d'ailleurs tout ouvrage scientifique, comporter un index exhaustif des noms de personne et de lieu et un index sélectif des matières. On peut établir soit trois index distincts, soit, de préférence, un index général. Dans ce cas, il convient de distinguer les différentes sortes d'entrées par des artifices typographiques : par exemple, on imprimera les noms de personne en petites capitales, les noms de lieu en italique, les noms de matière en romain.
I. Noms de personne
1. Choix de la vedette
La vedette est la rubrique principale dans laquelle sont données toutes les références se rapportant à un nom donné. En règle générale, pour l'époque moderne, les entrées des noms de personne sont faites au nom de famille :
Séguier (Pierre).
Toutefois, certaines catégories de personnes échappent à cette règle et doivent être classées à leur prénom. Ce sont :
- les saints :
François de Sales (saint).
- les papes (en l'occurrence, il s'agit moins d'un prénom que d'un nom de règne) :
Clément VII, pape.
- les souverains (et les chefs de principauté souveraine) :
François II, roi de France.
Marie de Médicis, reine de France.
Stanislas Leszczynski, roi de Pologne.
Victor-Amédée II, duc de Savoie.
- les membres de certains ordres religieux (par exemple les capucins) :
Raoûl de Sceaux (le P.).
Tels sont les principes à observer pour le choix de la vedette. Mais des renvois peuvent être utiles :
Sales (saint François de) : voir François de Sales.
C'est le simple bon sens qui permet de déterminer si l'on doit ou non faire des renvois de cette sorte. Il ne viendrait pas à l'idée de faire un renvoi « Capet, voir Henri IV, roi de France », mais il peut être utile de faire un renvoi « Leszczynski, voir Stanislas Leszczynski ».
On rencontre très fréquemment le cas de personnages qui, outre leur patronyme, portent un nom de terre (par exemple : François Michel Le Tellier, marquis de Louvois). Dans ce cas, il faut mettre la rubrique principale au nom usuel (en l'occurrence : Louvois), en faisant éventuellement un renvoi à l'autre nom, de façon à rapprocher les personnes d'une même famille connues sous des noms différents. On appliquera ce même principe aux pseudonymes, en choisissant comme vedette principale le nom sous lequel le personnage est connu et en faisant un renvoi à l'autre nom :
Molière (Jean-Baptiste Poquelin, dit).
Poquelin (Jean-Baptiste) : voir Molière.
2. Classement alphabétique
La particule de, d' n'est pas prise en compte pour l'ordre alphabétique des patronymes, contrairement aux articles Du, Des, Le, La, Les :
Du Perron (Jacques Davy), cardinal.
La Rochefoucauld (François de).
Schomberg (Henri de).
Cette règle ne s'applique pas aux noms de seigneuries :
Maine (Louis Auguste de Bourbon, duc du).
Il est parfois malaisé de déterminer si un nom est précédé d'une particule ou non. Souvent, la particule est soudée au nom, et des noms parfois célèbres s'écrivent de deux façons différentes (ainsi celui de la famille d'Aguesseau ou Daguesseau ; ou encore Du Chesne ou Duchesne). Dans ce cas, on choisira comme vedette celle des deux formes qui paraît la plus exacte ou la plus courante, et on fera un renvoi à l'autre.
On prendra garde que sous la Révolution la particule a souvent disparu ; elle a été soit supprimée soit attachée au nom.
Pour le classement alphabétique des noms flamands ou d'origine flamande commençant par de ou par van (correspondant respectivement à notre article défini le et à notre préposition de), l'usage n'est pas fixé. En règle générale, le de est pris en compte dans l'ordre alphabétique pour le classement alphabétique des noms étrangers, mais non pas pour celui des noms français (ainsi, Charles de Gaulle sera classé à G et non à D), et le van est toujours pris en compte dans l'ordre alphabétique (ainsi, Antoine Van Dyck sera classé à V et non à D).
Les patronymes identiques seront classés dans l'ordre alphabétique des prénoms, et les noms composés après les noms simples :
Colin (Jean).
Colin (Michel).
Colin d’Ablancourt (Joseph).
Les noms composés de plusieurs éléments séparés par des espaces doivent être mélangés selon un classement continu avec ceux qui comportent les mêmes lettres mais ne forment qu'un seul bloc :
Du Chesne.
Duchesne.
Du Perron.
Dupont.
Durand.
Du Verger.
Et non pas :
Du Chesne.
Du Perron.
Du Verger.
Duchesne.
Dupont.
Durand.
II. Noms de lieu
1. Choix de la vedette
Les noms de lieu sont souvent déformés dans les documents. On retiendra dans l'index la forme moderne et officielle du nom et on fera des renvois aux autres formes rencontrées, surtout quand les formes ancienne et moderne sont très éloignées l'une de l'autre dans l'ordre alphabétique :
Ovillers : voir Hautvillers.
Si l'on a affaire à des lieux qui ont changé de nom dès l'Ancien Régime, on prendra garde à éviter les anachronismes. Par exemple, si l'on édite des documents antérieurs à 1737 dans lesquels est cité Saint-Liébault, qui a pris à cette date le nom d'Estissac (Aube), on fera dans l'index la rubrique principale à Saint-Liébault, et un simple renvoi à Estissac :
Estissac : voir Saint-Liébault.
Saint-Liébault, auj. Estissac.
L'identification des toponymes d'après le cadre administratif actuel (département, canton, commune : on peut faire l'économie de l'arrondissement) sera donnée de préférence dans l'index, plutôt que dans les notes, car le lieu apparaît généralement à plusieurs reprises dans l'ouvrage indexé. Cette identification sera placée immédiatement à la suite du nom, entre crochets carrés :
Montreuil-les-Dames [Aisne, cant. La Capelle, comm. Rocquigny] : 24, 56, 102.
2. Classement alphabétique
Les règles du classement alphabétique des noms de lieu sont différentes de celles qui régissent le classement des noms de personne.
Lorsqu'un nom de lieu comporte un article défini (Le, L', La , Les), on rejette celui-ci à la suite du nom principal, entre parenthèses :
Rochelle (La).
Ce principe de classement ancien n'est plus toujours rigoureusement appliqué. Dans le Code postal informatisé, l'article est pris en compte dans l'ordre alphabétique : La Rochelle est classée à L et non à R. Mais cet ouvrage n'a pas de caractère scientifique.
Les noms de lieu composés posent des problèmes particuliers qui sont diversement résolus. On peut établir le classement soit en fonction de l'ordre alphabétique strict, sans tenir compte des traits d'union (classement continu), soit au contraire en fonction du premier élément du nom (classement discontinu) :
Aix.
Aix-en-Othe.
Aixe-sur-Vienne.
Aixette.
Aix-les-Bains.
ou
Aix.
Aix-en-Othe.
Aix-les-Bains.
Aixe-sur-Vienne.
Aixette.
Le deuxième système, quoique moins rigoureux que le premier, est préférable, parce que plus pratique, dans le cas d'un index séparé pour les noms de lieu.
De même, on utilise concurremment plusieurs systèmes pour le classement des noms de saints. Dans un index général, regroupant les noms de personne, de lieu et de matière, il est préférable d'appliquer l'ordre alphabétique strict (en mélangeant les noms de saints et les autres noms qui commencent par les lettres Saint : classement continu) :
Sainte-Euphémie.
Sainteny.
Saint-Étienne.
Saint-Fiacre.
Dans un index propre aux toponymes, on peut soit appliquer le classement continu, soit de préference (pour des raisons de commodité) regrouper d'abord les Saint puis les Saintes en les séparant des autres noms commençant par les lettres Saint (classement discontinu) :
Saint-Étienne.
Saint-Fiacre.
Sainte-Euphémie.
Sainteny.
Dans le cas d'un index particulier propre aux toponymes, et très copieux, on rejette parfois les noms de saints et de saintes à la fin de la lettre S.
Les noms commençant par San-, Sant' , Santa-, Santo- (Corse), Sanct- (Alsace), seront intégrés à l'ordre alphabétique général.
III. Noms de matière
L'index des noms de matière est le plus difficile à établir parce qu'il est sélectif. C'est en même temps le plus intéressant pour l'historien car il permet des regroupements, un classement thématique des notions. Dans un tel index, les institutions doivent être privilégiées.
Le choix des noms à retenir est essentiellement subjectif et varie en fonction des ouvrages ou des recueils de documents.
Très souvent, les rubriques de mots-matières doivent renvoyer à des noms de personne ou de lieu. Sous la rubrique grange, par exemple, on donnera d'abord les références générales s'il y en a, puis on renverra à tous les noms des localités dans lesquelles il y a une grange.
IV. Remarque générale
Si une rubrique comporte un nombre élevé de références, on s'efforcera de répartir celles-ci en sous-rubriques. En effet, un trop grand nombre de chiffres à la suite rend l'index inutilisable : on aurait plus vite fait de dépouiller le recueil. Il faut donc subdiviser le plus possible :
Évreux : bailliage, 12, 34 ; cathédrale, 25, 27, 73 ; comté, 12, 43, 57 ; diocèse, 8, 54 ; ville, 9.
Si l'on ne peut procéder à de telles subdivisions, c'est le signe que les références sont trop nombreuses et par conséquent il est inutile d'en donner la liste. Dans ce cas, on peut prévenir en tête de l'index qu'on n'a pas fait de rubrique pour tel ou tel terme très fréquent, ou encore mettre passim à la place des références. On peut également introduire le passim à l'intérieur d'une énumération :
2, 4, 27, 86, 102-143 (passim), 168, 201,
ce qui veut dire que le nom revient constamment entre les pages 102 et 143.