École des chartes » THELEME » Cours

Introduction

I. Identifier un livre ancien: une nécessité

A la différence des livres modernes, identifiables d’une manière univoque grâce à leur ISBN, véritable état-civil d’une édition, ou entièrement descriptibles à partir des indications figurant en général sur la page de titre, le livre ancien (c’est-à-dire pour les imprimés européens jusqu’au premier tiers du 19e siècle, moment de l’apparition presque conjointe des techniques industrielles de fabrication et des entreprises de bibliographie nationale) ne se laisse pas aussi facilement appréhender.

Ainsi, la présentation actuelle du livre (comportant les noms de l’auteur, de l’éditeur et de l’imprimeur, ainsi que la date d’impression accompagnée éventuellement, dans le cas d’un retirage, de la date de première édition) ne s’est imposée que peu à peu, parallèlement à l’émergence de la notion de propriété intellectuelle.

C’est pourquoi, même en regardant attentivement page de titre, colophon, pièces liminaires et illustration, on ne trouve pas toujours dans un livre ancien tous les éléments nécessaires à l’identification de ses conditions de production et de diffusion, matérielles et intellectuelles: identité de ceux qui l’ont fabriqué (imprimeurs, libraires, illustrateurs); statut du texte qu’il contient (anonyme ou avec nom/s d’auteur/s et collaborateur/s, au titre ou aux préfaces et dédicaces; édition originale, réédition mot à mot ou avec variantes et ajouts); conditions et étapes de sa diffusion (absence ou présence de privilège, censure, contrefaçon, marques de provenance).

De plus, certains des éléments d’identification présents sur le livre peuvent être volontairement absents ou erronés (anonymes, pseudonymes et fausses adresses).

Sans oublier qu’on peut se trouver devant un exemplaire incomplet, et qu’il n’est pas toujours facile de s’en rendre compte.

On a aussi coutume de dire qu’«il n’y a pas de double en livre ancien», ce qui s’explique par les conditions artisanales de l’imprimerie naissante et qui fait tout l’objet des recherches en bibliographie matérielle (identification des émissions, des différents états, des cartons, des corrections en cours ou à la suite de l’impression).

Dans le cas d’un livre contemporain, le catalogueur donne simplement avec sa localisation une possibilité supplémentaire d’accéder à l’ouvrage, car l’utilisateur procède ici de l’édition souhaitée vers l’exemplaire. A l’inverse, dans le domaine du livre ancien, la connaissance de l’édition n’est pas donnée a priori et on tente de la construire à partir des exemplaires subsistants. C’est pourquoi la localisation elle-même est une donnée significative à cause des éléments matériels liés à l’exemplaire, qui, insignifiants quand on les considère unité par unité, sont éclairés par un traitement en série.

La démarche idéale serait de consulter tous les exemplaires localisés d’une même édition. Mais les livres anciens ayant été largement dispersés par les hasards de l’Histoire, seuls certains chercheurs-bibliographes, spécialistes d’un sujet donné s’appuyant sur un corpus relativement étroit, peuvent envisager de se lancer dans ce type de quête. Les bibliothécaires, qui travaillent la plupart du temps sur des fonds vastes et très diversifiés, ne peuvent bien souvent faire aucune comparaison. C’est pourquoi, pour un catalogage rapide et précis, il est important de faire des recherches bibliographiques préalables pour vérifier et compléter les observations que l’on a faites sur le volume, afin d’établir une notice de bon niveau où l’on décrit l’état «idéal» de l’édition tel que l’ont voulu ses auteurs et éditeurs, avant d’ajouter les données propres à l’exemplaire consulté (variantes et incomplétudes éventuelles, marques de provenances).

Ces recherches sont aussi un moyen de valoriser une collection puisque l’on repère ainsi les livres vraiment rares, les éditions originales, etc., qu’il faut particulièrement protéger.

<anchor xml:id="II"></anchor>

II. Typologie des ressources

A. Imprimés / Internet / Fac-similés électroniques

Aujourd’hui, les ressources bibliographiques se présentent sous la forme d’ouvrages imprimés traditionnels mais aussi, de plus en plus souvent, de données en ligne disponibles sur Internet. C’est pourquoi, dans ce cours, ces deux types de références sont indifféremment cités pour chaque ressource.

Une autre façon d’avoir accès à des bibliographies imprimées épuisées en librairie et difficiles à trouver même en bibliothèques est d’en consulter sur Internet un fac-similé électronique.

Parmi les nombreuses bibliothèques numériques existantes, on citera:

  • Rarebooks.info, un site d’origine française, mais entièrement en anglais, s’adressant plutôt à un public de bibliophiles, propose sur abonnement (30 € pour un mois, 120 € pour un an) plus de 100 titres de bibliographies classiques en ligne (décrits dans la section List of Available Titles accessible à partir de la page d’accueil). La recherche se fait en plein texte sur un, plusieurs ou l’ensemble des fac-similés (le résultat est alors surligné en jaune dans la page numérisée). Feuilletage page par page des ouvrages (pas de table des matières et de pagination). Rarebooks.info propose aussi gratuitement un glossaire des termes du livre de bibliophilie et une liste de liens.
  • La bibliothèque numérique Gallica, sur le site de la Bibliothèque nationale de France, se définit comme «le portail d’accès aux collections numériques françaises». A ce titre, elle donne accès à des collections libres de droits (numérisées par la BNF ou «moissonnées» dans d’autres bibliothèques numériques publiques, sélectionnées pour leur complémentarité scientifique et leur compatibilité technique), ainsi qu’à des collections de documents sous droits, proposés par des partenaires commerciaux et accessibles sur leur site, selon les conditions fixées par chacun d'eux. On y trouve un certain nombre de bibliographies, disponibles en mode image et aussi sous la forme d’un «texte brut» (résultat d’un travail de reconnaissance automatique de caractères).
  • Le moteur de recherche Google a lancé une entreprise de numérisation massive, en partenariat avec des bibliothèques, des éditeurs et des libraires: Google Recherche de livres (GoogleBookSearch). La recherche, gratuite, s’effectue en plein texte, avec surlignage du ou des mots trouvés dans la page numérisée. Les fonctionnalités avancées permettent de chercher par auteur, titre, éditeur, date de publication, ISBN, et de limiter les résultats selon le mode de numérisation. On peut en effet consulter les ouvrages dans leur intégralité («affichage du livre entier»), notamment à partir de la table des matières, s’ils appartiennent au domaine public ou si l’éditeur ou l’auteur a donné son autorisation. D’autres titres sont consultables uniquement sous forme d’extraits («aperçu limité») ou des simples références bibliographiques («catalogues de bibliothèques»). La fonction «afficher le contenu du texte» permet de transformer la page numérisée en mode image consultée en texte (avec les erreurs habituelles dues à la mauvaise reconnaissance de certains caractères anciens). Les fac-similés sont téléchargeables et on peut aussi en sélectionner un extrait.

Il existe aussi des portails qui permettent d’interroger simultanément plusieurs bibliothèques numériques:

Des bibliographies papier commencent même à être saisies en mode texte sous la forme de base de données, ainsi la Biographie universelle ancienne et moderne de Michaud (1843), sur WikiSource.

B. Encyclopédies, dictionnaires, répertoires, etc.

Ne décrivent pas des éditions mais donnent des renseignements sur les auteurs, les imprimeurs, les lieux et dates d’impression, les sujets, etc.

On peut de plus en plus souvent utiliser Internet pour ce type de recherches.

C. Bibliographies

Elles décrivent des éditions, dans une perspective plus ou moins spécialisée et sélective.

Certaines, les plus anciennes, ont une ambition universelle: tous les livres de tous les temps et de tous les pays.

Rapidement, il a fallu se spécialiser: l’ambition d’exhaustivité du recensement demeure l’idéal à atteindre mais sur la production d’un pays et/ou dans une langue particulière (bibliographies nationales), pour une période donnée, un auteur, un imprimeur, une ville d’édition, un domaine de la connaissance, un genre littéraire, etc.

D’autres bibliographies sont volontairement sélectives, en particulier dans le domaine de la bibliophilie où il s’agit de présenter un choix d’ouvrages considérés comme rares et précieux.

Certaines sont signalétiques (descriptions brèves des éditions), d’autres largement commentées.

Les plus scientifiques sont de première main (les rédacteurs ont décrit les éditions après consultation du maximum d’exemplaires), les autres sont le résultat de compilations de catalogues et d’autres bibliographies.

Très souvent, elles indiquent des localisations dans une ou plusieurs bibliothèques.

D. Catalogues de bibliothèques

Ils décrivent des exemplaires en indiquant leur cote dans la bibliothèque où ils sont conservés, de manière à en permettre la communication.

Ils sont en général rédigés de première main.

Ils renvoient souvent à une ou plusieurs bibliographies décrivant l’édition et rajoutent ensuite les particularités propres à l’exemplaire décrit.

Ils peuvent être consacrés à une partie ou à l’ensemble des collections d’une seule bibliothèque; ou collectifs, décrivant une partie ou l’ensemble des collections de plusieurs bibliothèques.

Ils sont unifiés lorsque plusieurs exemplaires d’une même édition sont décrits (avec leur cote et leurs particularités éventuelles) sous une seule notice bibliographique. Dans le cas contraire, ils présentent une simple juxtaposition de notices d’exemplaires.

Ils sont raisonnés lorsque les clés d’accès (auteurs, imprimeurs, titres dans le cas de textes constamment réédités ou d’auteurs à l’œuvre très importante) ont été uniformisées et qu’on peut arriver aux notices par un système d’index (support papier) ou de liens hypertextes (Internet).

L’introduction de l’informatique, puis de l’Internet, a été une véritable révolution pour le catalogage et la bibliographie en général (mise à disposition universelle de l’information; mais aussi possibilité d’échapper au terminus ad quem de la forme papier en ajoutant des notices, en les complétant à volonté et en résolvant le problème des index par la recherche par mots de la notice et les liens hypertextes).

On peut aujourd’hui consulter un très grand nombre de bases bibliographiques sur le Web, et souvent plusieurs en une seule interrogation, au moyen de portails à interface unique, dont l’exemple le plus achevé est le Karlsruher Virtueller Katalog = KVK, développé par la bibliothèque de l’Université de Karlsruhe, qui permet l’accès simultané à plus de 50 catalogues en ligne, décrivant plus de 500 millions de documents. On citera aussi The European Library qui offre un accès centralisé aux collections de 47 bibliothèques nationales d’Europe (choix «catalogues from national libraries»).

Dans ces bases informatisées, les notices catalographiques ont été:

  • parfois simplement numérisées en mode image [voir sur ce procédé: Card-Image Public Access Catalogues (CIPACs), où est maintenue à jour The International CIPAC List];
  • ou saisies en mode texte, dans un format informatique (MARC, etc.) divisé en zones d’interrogation (critères principaux: auteur, début ou mots du titre, sujet; critères secondaires: lieu d’édition, éditeur, date, langue). Le plus souvent, cette saisie a été faite à partir des fichiers ou catalogues manuscrits et imprimés existants (on dit alors que les notices ont été rétroconverties), plus rarement directement dans la base en consultant l’exemplaire (description «livre en main»).

Pour les bibliothécaires, il devient aussi de plus en plus facile, avec des normes internationales d’échange, de télécharger dans son propre système les notices des autres bibliothèques (voir ainsi sur les pages professionnelles de la Bibliothèque nationale de France): on dit alors qu’on fait un catalogage par dérivation.

Cette mutation technologique très rapide a permis de signaler des collections jusque là quasiment inconnues ou totalement inaccessibles et occasionne de véritables découvertes bibliographiques (de nombreuses éditions qu’on ne connaissait que par des mentions d’anciens bibliographes réapparaissent en un ou plusieurs exemplaires, des éditions partagées ou de nouvelles émissions sont signalées, etc.).

Mais devant ce matériau foisonnant, on doit plus que jamais mobiliser son esprit critique:

  • la mise sur Internet des notices ne change pas leur nature intrinsèque: leur qualité, et donc leur possibilité d’utilisation, est par définition très variable; certaines, très anciennes, reproduisent des états de connaissance datés, voire obsolètes; la plupart sont succinctes et ne donnent pas les critères secondaires (imprimeurs, illustrateurs, etc.); il y a des problèmes de langue (la langue de la notice est celle du catalogueur) et d’usages de description;
  • la plupart de ces catalogues en ligne ne sont ni unifiés ni raisonnés: on trouve parfois des dizaines de graphies pour un nom (pas de forme d’autorité); le même exemplaire est décrit par plusieurs notices (parce qu’il était entré dans plusieurs fichiers ou catalogues papier qui ont été rétroconvertis sans dédoublonnage: ainsi, à la BNF, un livre pouvait avoir jusqu’à trois accès auteurs différents dans le catalogue alphabétique, plus un autre dans un catalogue méthodique, par exemple celui de l’Histoire de France) ; le regroupement sous une seule notice d’édition de tous les exemplaires conservés n’est pas fait (mais il est vrai que dans un premier temps il est sans doute préférable de ne pas trop faire de regroupements, car d’autres problèmes apparaissent à la suite des dérivations de notices : par exemple, un catalogueur a pu se raccrocher à la notice d’une autre bibliothèque qui correspondait à peu près à son exemplaire, mais pas tout à fait…);
  • les critères d’interrogation proposés sont parfois réducteurs, en particulier dans les portails bibliographiques: quand on interroge les catalogues un à un (ce qui est beaucoup plus long), on se rend compte qu’ils proposent plus de possibilités d’accès aux zones de la notice (notamment pour les critères secondaires et les particularités d’exemplaire);
  • il est parfois difficile d’évaluer les procédés de rétroconversion: tout le fonds ancien de la bibliothèque est-il dans la base; s’il existait un catalogue papier du fonds ancien, est-ce lui qui a servi ou bien des notices plus générales;
  • il faut souvent ne pas oublier le catalogue papier, notamment dans le cas d’un très grand nombre de réponses (ainsi l’interrogation sur certaines oeuvres de Voltaire dans le catalogue en ligne de la BNF est quasiment impossible, il vaut mieux alors avoir recours aux deux volumes du catalogue général imprimé qui lui ont été consacrés et qui s’ouvrent sur un cadre de classement détaillé et un index des titres);
  • enfin, se pose pour les catalogues en ligne le même problème que pour tous les documents Internet: comment citer ces sources dont l’adresse et le contenu peuvent être modifiés à tout moment? On trouvera des éléments de réponse dans une note élaborée par l’Université Laval à Québec.

En résumé, on trouve beaucoup de choses sur Internet mais encore assez peu de notices directement utilisables. Cependant, les choses changent vite et de plus en de plus de recensements commencés sur papier se poursuivent sur Internet.

Dans l’état actuel des choses, les catalogues en ligne sont une aide considérable pour les bibliographes qui y découvrent de nombreuses localisations nouvelles (... mais doivent aussi multiplier les vérifications).

Les bibliothécaires y trouvent aussi beaucoup de réponses aux questions qu’ils se posent en cours de catalogage, et des éléments pour évaluer la rareté de leurs collections.

E. Fac-similés de livres anciens sur papier, sur microformes ou numérisés

Il est parfois très utile de comparer son exemplaire avec un autre, conservé à l’autre bout du monde, notamment pour vérifier sa complétude.

Le secteur des fac-similés traditionnels, publiés souvent avec une introduction scientifique, a lui aussi été révolutionné par les nouvelles technologies (microformes puis images numériques).

Des éditeurs, associés à des historiens et des conservateurs, ont publié de cette façon de très importants fonds d’archives et de livres anciens: Primary Source Microfilm / K. G. Saur / Scholarly Resources ou IDC Publishers. Citons aussi EROMM (European Register of Microform and digital Masters) qui maintient une base à laquelle collaborent de nombreuses bibliothèques européennes, dans le but d’aider à coordonner les actions de microfilmage.

Malheureusement toutes ces collections sont d’accès payant.

Ce qui n’est pas le cas des «bibliothèques virtuelles», qui contiennent à l’heure actuelle bien plus de documents en mode image qu’en mode texte, et qui se multiplient sur Internet. Voir essais de recensement et de classement sur:

  • Die virtuelle Welt des Alten Buch (rubrique: «Volltexte»): portail de références maintenu par la Staatsbibliothek de Berlin;
  • Il Libro antico (rubrique «Edizioni antiche totalmente digitalizzate»): portail maintenu par l’Université de Udine;

L’une des plus importantes de ces bibliothèques virtuelles est Gallica, développée par la BNF essentiellement à partir de ses propres collections, mais aussi de celles d’autres bibliothèques digitales françaises comme les Ressources électroniques du CESR et Medic@ sur le site de la Bibliothèque interuniversitaire de médecine (BIUM) de Paris.

Voir aussi The European Library, portail de 47 bibliothèques nationales d’Europe (choix «digital collections»).

On notera également que dans les catalogues et bibliographies en ligne les plus récents et les plus scientifiques se répand l’usage de l’enrichissement des notices par des images numériques des parties les plus importantes de l’ouvrage, permettant son identification (page de titre, préface, colophon). Un des exemples les plus intéressants est celui de VD17 (bibliographie nationale des livres imprimés en Allemagne au 17e s.).

F. Conclusion

Il est important, lorsque l’on commence à utiliser une ressource, de bien l’analyser pour en faire le meilleur usage: quels sont les critères du recensement, du classement, de l’interrogation, etc.?

Par ailleurs, si les critères typologiques qui viennent d’être présentés sont importants à connaître, on se rend vite compte des usages divers que l’on peut faire d’une ressource: par exemple, un catalogue de bibliothèque nationale, où les autorités sont très bien établies, peut faire aussi office de répertoire de noms d’auteurs ou de libraires; de plus en plus de catalogues collectifs assument le rôle d’une bibliographie nationale; un dictionnaire d’auteurs qui donne pour chacun d’eux une courte bibliographie peut permettre d’attribuer une oeuvre qu’on croyait anonyme; certains catalogues de bibliothèques spécialisés sont si précis et complets qu’ils servent de bibliographie incontournable pour un sujet...

III. Méthodologie

Dans le domaine du livre ancien, chaque cas est différent. Tout au plus peut-on suivre une ligne générale. On peut notamment:

  • d’abord relever fidèlement dans le livre tous les éléments intéressants, puis les confronter avec les descriptions des catalogues et répertoires bibliographiques;
  • aller du général au particulier (mais il est parfois plus rapide et plus efficace d’utiliser directement une bibliographie spécialisée);
  • noter au fur et à mesure de manière abrégée les titres des ressources consultées et les éléments que l’on y a trouvés (lorsque l’on catalogue, il peut être utile de faire figurer ensuite ces références dans sa notice).

En l’absence d’un répertoire universel, on est amené à multiplier les axes de recherche sur un livre. Il faut l’envisager sous différentes «facettes», qui sont autant de clés d’accès, et recouvrent à peu près les différentes zones d’une notice catalographique:

  • l’auteur: tous les répertoires et catalogues permettent les recherches par auteurs, soit dans le classement principal, soit dans l’index; élément à vérifier très attentivement cependant (variantes orthographiques, anonymes et pseudonymes à dévoiler...); rappelons qu’il existe aussi des bibliographies spécialisées pour certains auteurs importants et des catalogues raisonnés;
  • le titre: assez peu de répertoires papier proposent l’accès direct au titre (tout au moins quand il existe un auteur), mais avec l’avènement de l’informatique et de la recherche par mots, c’est devenu un élément de recherche sûr, car le relevé a souvent été bien fait (même dans les fiches anciennes) et on peut se contenter de taper deux ou trois mots significatifs pour avoir de très bons résultats; il est parfois intéressant d’avoir une transcription précise de la page de titre: c’est ce que proposent certains répertoires avec «titres diplomatiques» (coupures de ligne, distinction des i et des j, des u et des v, les s longs, etc.) et de plus en plus avec des photographies de la page de titre;
  • le lieu d’impression: dans les répertoires généralistes, ce n’est pas toujours un élément très fiable (erreurs dans la saisie des noms latins, non résolution des fausses adresses); souvent encore c’est une zone non interrogeable dans les catalogues automatisés; il existe cependant des répertoires spécialisés par pays, par régions, par villes;
  • l’imprimeur ou le libraire: un grand nombre de répertoires papier ont un classement ou un sous-classement par imprimeurs-libraires, il existe aussi des répertoires spécialisés recensant la production d’un imprimeur donné; par contre, dans les catalogues informatisés rétroconvertis, c’est un élément souvent absent, bien que les notices d’autorité imprimeur-libraire tendent à se développer (comme à la BNF);
  • la date: élément fiable en général mais zone encore difficilement interrogeable dans les catalogues informatisés; surtout, il est souvent impossible de combiner deux critères secondaires (lieu + date par exemple);
  • la collation: zone non interrogeable mais fondamentale pour reconnaître une édition et vérifier la complétude de son exemplaire;
  • l’illustration: fait l’objet de quelques répertoires spécialisés, mais en général critère très peu renseigné dans les catalogues;
  • le sujet: fait l’objet de répertoires spécialisés (domaine de la connaissance, genre littéraire) ou possédant une table systématique; dans les catalogues informatisés, les notices de livre ancien n’ont en général pas d’indexation matière (qui concerne plutôt le livre contemporain);
  • la langue de l’ouvrage: fait l’objet de répertoires et bibliographies spécialisés; zone en général mal renseignée dans les catalogues informatisés pour les livres anciens;
  • l’empreinte: système mis au point dans les années 1980 qui a l’ambition d’être l’ISBN du livre ancien ; c’est une suite de lettres et de chiffres combinant la date du livre, son format et des groupes de caractères pris à des endroits définis de l’ouvrage, permettant de distinguer des éditions de contrefaçon ou au contraire d’identifier des éditions partagées ou de nouvelles émissions; voir par exemple pour des précisions STCN Fingerprint (règles suivies par les rédacteurs du Short-Title Catalog of Netherlands en ligne sur le site de la Bibliothèque royale des Pays-Bas);
  • les marques de provenance (particulières à l’exemplaire décrit): zone souvent peu ou pas renseignée et difficilement interrogeable (il existe un portail d’information faisant le point sur la question sur le site du Consortium of European Research Libraries, le CERL).