Diplomatique des documents économiques et financiers.
1. Généralités
On recommandera en premier lieu la lecture des dictionnaires contemporains et des ouvrages spécialisés à destination des marchands. Une excellente présentation, commentée, de cette dernière production dans :
Hoock (Jochen), Jeannin (Pierre) et Kaiser (Wolfgang) (éd.), Ars Mercatoria. Eine analytische Bibliographie, Paderborn et al., 1991-2001. [1 : 1470-1600 ; 2 : 1600-1700 ; 3 : analyses.]
En attendant un équivalent pour les zones francophones, de bonnes présentations de diplomatique commerciale, principalement médiévale, fondée sur des documents italiens mais largement valables, au delà des phénomènes linguistiques, pour d’autres aires géographiques :
Melis (Federigo), Documenti per la storia economica dei secoli XIII-XVI, Florence, 1972.
Migliardi O'Riordan (Giustiniana), Tipologie di documenti commerciali veneziani : nolo, mutuo, prestito a cambio marittimo, colleganza : atlante diplomatico, Venise, 1988 (Quaderni della scuola di archivistica, paleografia e diplomatica, 1).
Sur le savoir des marchands :
Jeannin (Pierre), Marchands d’Europe. Pratiques et savoirs à l’époque moderne, Paris, 2002, 490 p.
2. La lettre de change
Sur la lettre de change en France et à l’époque moderne, on verra :
Lévy-Bruhl (Henri), Histoire de la lettre de change aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1933.
De Roover (Raymond), L'évolution de la lettre de change XIVe-XVIIIe siècle, Paris, 1953 (Affaires et Gens d'affaires, 4). [Nota : concerne plus largement l’Europe occidentale, l’aspect français étant relativement négligé. Bibliographie commentée des traités scolastiques de l’époque, p. 170-206.]
Carrière (Charles) et al., Banque et capitalisme commercial. La lettre de change au XVIIIe siècle, Marseille, 1976 (Interrogations et recherches).
Sur la pratique de la correspondance commerciale, les médiévistes ont récemment avancé de nouvelles pistes :
Hayez (Jérôme) (dir.), Le carteggio Datini et les correspondances pratiques des XIVe-XVIe siècle, dans Mélanges de l’École française de Rome-Moyen Âge, 117 (2005), p. 115-120.
Hayez (Jérôme), Avviso, informazione, novella, nuova : la notion de l'information dans les correspondances marchandes toscanes vers 1400, dans Information et société en Occident à la fin du Moyen Age, Actes du colloque international tenu à l'Université du Québec à Montréal et à l'Université d'Ottawa (9-11 mai 2002), éd. Claire Boudreau, Kouky Fianu, Claude Gauvard, Michel Hébert, Paris, 2004, p. 113-134.
Quelques éditions concernant la France de près ou de loin ou bien récemment publiées :
Baulant (Micheline) (éd.), Lettres de négociants marseillais : les frères Hermite. 1570-1612, Paris, 1953 (Affaires et gens d'affaires, 3).
Vazquez de Prada (Valentin), Lettres marchandes d’Anvers, 4 vol., Paris, [1960] (Affaires et gens d’affaires, 18).
Ruiz Martín (Felipe), Lettres marchandes échangées entre Florence et Medina del Campo, Paris, 1964 (Affaires et gens d’affaires, 27).
Roseveare (Henry) éd., Markets and Merchants of the Late Seventeenth Century. The Marescoe-David Letters 1668-1680, Oxford, The British Academy/Oxford U.P., 1987 (Records of Social and Economic History, New Series ; 12).
Smith (Simon David) éd., ‘An Exact and Industrious Tradesman’. The letter book of Joseph Symson of Kendal (1711-1720), Oxford, The British Academy/Oxford U.P., 2002 (Records of Social and Economic History, New Series ; 34).
3. Comptabilités
De manière générale, on pourra voir :
Melis (Federigo), Storia della ragioneria. contributo alla conoscenza e interpretazione delle fonti più significative della storia economica, Bologne, 1950.
Coquery (Natacha), Menant (François) et Weber (Florence) (dir.), Écrire, compter mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, Paris, 2006.
3.1. Comptabilités royales et municipales
Il n’existe pas d’étude précise ni complète des écritures de la comptabilité centrale de la monarchie à l’époque moderne. Les contributions les plus récentes sur la question ouvrent des perspectives très neuves en la matière :
Lemarchand (Yannick), Comptabilité, discipline et finances publiques : une expérience d’introduction de la partie double sous la Régence, dans Politiques et management public, 18 (2000), p. 93-121. [Reprise en français d’un texte paru en anglais dans Accountig business and financial history, 9 (1999), p. 225-254.]
Les rares éditions de comptes royaux de l’époque moderne sont avant tout l’œuvre d’historiens de l’art qu’intéressent moins le mode de construction interne du compte que le contenu informatif qu’ils peuvent en extraire pour leurs recherches propres :
Chevalier (Casimir) (éd.), Archives royales de Chenonceau. Comptes des recettes et despences faites en la chastellenie de Chenonceau par Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, dame de Chenonceau et autres lieux, Paris, 1864.
Laborde (Léon de), Les comptes des Bâtiments du roi (1528-1571), suivis de documents inédits sur les châteaux royaux et les beaux-arts au XVIe siècle, 2 vol., Paris, 1877-1880 (Société de l’art français).
Guiffrey (Jules-Joseph) (éd.), Comptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XIV, 5 vol., in-4°, Paris, 1881-1902 (Collection de documents inédits sur l’histoire de France, 3e série, Archéologie). [1, Colbert, 1664-1680 ; 2, Colbert et Louvois, 1681-1687 ; 3, Louvois et Colbert de Villacerf, 1688-1695 ; 4, Colbert de Villacerf et Jules Hardouin-Mansart, 1696-1705 ; 5, Jules Hardouin-Mansart et le duc d'Antin, 1706-1715.]
Dans certains domaines, peu ou pas documentés par ailleurs, les comptes font pourtant figure de révélateurs :
Gandilhon (René) (éd.), La marine du Levant d'après deux comptes inédits (1562-1563), dans Annales du Midi, 217-218 (1943), p. 421-428.
Les comptes publics des municipalités n’ont pareillement pas été davantage fouillés. On pourra cependant citer, lancés sur une rampe médiévale :
Tucoo-Chala (Pierre) (éd.), Livre des comptes de la ville de Pau : 1468-1607, Toulouse, 1965 (Cahiers de l'Association Marc Bloch de Toulouse. Documents d'histoire méridionale, 2).
Glénisson (Jean) et Higounet (Charles), Remarques sur les comptes et sur l'administration financière des villes françaises entre Loire et Pyrénées (XIVe-XVIe siècles), dans Finances et comptabilité urbaines du XIIIe au XVIe siècle-Financiën en boekhouding der steden van de XIIIe tot de XVIe eeuw. Colloque international-Internationl colloquium, Blankenberge, 6-9-IX-1962, [Bruxelles], 1964 (Collection histoire-Historische Uitgaven, 7), 74 p.
3.2. Comptabilités marchandes
Quelques titres introductifs :
Yamey (Basil S.), Bookkeeping and accounts, 1200-1800, dans Simonetta Cavaciocchi (éd.), L’impresa. Industria, commercio, banca secc. XIII-XVIII. Atti della « ventiduesima settimana di studi » 30 aprile-4 maggio 1990, Florence, 1991 (Istituto internazionale di storia economica « F. Datini » Prato, Serie II, 22), p. 163-187 [Admirable synthèse sur la question.]
Bérard (Victor) et Lemarchand (Yannick), Le miroir du marchand. Art et science des comptes à travers les âges, Lyon, 1994. [Catalogue d’exposition.]
La naissance et le développement de la comptabilité à/en partie double touche une partie non négligeable des comptabilités de la fin du Moyen Âge et de l’époque moderne. Parmi une abondante bibliographie, principalement italienne et anglo-saxonne, on pourra voir :
Roover (Raymond de), Aux origines d’une technique intellectuelle : la formation et l’expansion de la comptabilité à partie double, dans Annales d’histoire économique et sociale, 9 (1937), p. 171-193 et 271-298.
Son impact réel est discuté :
Ramsey (Peter H.), The unimportance of double-entry bookkeeping : did Luca Pacioli really matter ?, dans Simonetta Cavaciocchi (éd.), L’impresa. Industria, commercio, banca secc. XIII-XVIII. Atti della « ventiduesima settimana di studi » 30 aprile-4 maggio 1990, Florence, 1991 (Istituto internazionale di storia economica « F. Datini » Prato, Serie II, 22), p. 189-196.
Carruthers (Bruce G.) et Nelson Espeland (Wendy), Accounting for rationality : double-entry bookkeeping and the rhetoric of economic rationality, dans American Journal of sociology, 97, juillet 1991, p. 31-69.
Lemarchand (Yannick), Style mercantile ou mode des finances. Le choix d’un modèle comptable dans la France d’Ancien Régime, dans Annales Histoire, Économies, Sociétés, 1995, p. 159-182. [Sur la victoire quasi monopolistique de la partie double dans les sociétés françaises au XVIIIe siècle.]
Todeschini (Giacomo), La comptabilité à partie double et la « rationalité » économique occidentale : Max Weber et Jack Goody, dans Natacha Coquery, François Menant et Florence Weber (dir.), Écrire, compter mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, Paris, 2006, p. 67-76.
Un tableau complet des typologies documentaires comptables de l’époque moderne dans :
Houtman-De Smedt (Helma), L’art de la comptabilité dans les temps modernes… un trésor pour l’historien ! ? La comptabilité industrielle et bancaire du 16e au 18e siècle, dans Simonetta Cavaciocchi (éd.), L’impresa. Industria, commercio, banca secc. XIII-XVIII. Atti della « ventiduesima settimana di studi » 30 aprile-4 maggio 1990, Florence, 1991 (Istituto internazionale di storia economica « F. Datini » Prato, Serie II, 22), p. 223-242.
Ce qui concerne strictement la comptabilité dans les manuels à l’usage des marchands a été présenté dans :
Jeannin (Pierre), Les manuels de comptabilité, dans Simonetta Cavaciocchi (éd.), L’impresa. Industria, commercio, banca secc. XIII-XVIII. Atti della « ventiduesima settimana di studi » 30 aprile-4 maggio 1990, Florence, 1991 (Istituto internazionale di storia economica « F. Datini » Prato, Serie II, 22), p. 243-259.
Lemarchand (Yannick), À la conquête de la science des comptes :, variations autour d quelques manuels français de tenue des livres, dans Jochen Hoock, Pierre Jeannin et Wolfgang Kaiser (éd.), Ars Mercatoria. Eine analytische Bibliographie. Band 3 : Analysen (1470-1700), Paderborn et al., 2001, p. 91-129. [Repris dans Natacha Coquery, François Menant et Florence Weber (dir.), Écrire, compter mesurer/2. Vers une histoire des rationalités pratiques. Articles publiés en ligne, disponible à l’url http://www.presse.ens.fr.]
Un de ces manuels des plus célèbres est analysé dans :
Jouanique (Pierre), Un classique de la comptabilité au Siècle des Lumières : la Science des négociants de Mathieu de La Porte, dans Études et documents, 5 (1993), p. 339-361.
Sur la pratique de petits ou moyens commerçants et le poids réel des prescriptions royales :
Coquery (Natacha), Les écritures boutiquières au XVIIIe siècle : culture savante, encadrement légal et pratiques marchandes, dans Natacha Coquery, François Menant et Florence Weber (dir.), Écrire, compter mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, Paris, 2006, p. 163-180.
Rarissimes sont les éditions de comptes de marchands français. Elles concernent pour l’essentiel l’époque médiévale et leurs auteurs étaient guidés d’abord guidés par des préoccupations philologiques autant qu’historiques. Par exemple, dans le domaine de la langue d’oc :
Forestié (Édouard), Les livres de comptes des frères Bonis, marchands montalbanais du XIVe siècle, 3 vol., Paris, 1890-1894 (Archives historiques de la Gascogne).
Laigue (René de) (éd.), Livre de comptes de Claude de La Landelle : 1553-1556, Rennes, 1906.